Zëro joue désormais en trio et le groupe y gagne en cohérence, dit la bio des ex-Deity Guns qui accompagne ce San Francisco, nouvel album de la clique noise menée entre autres par Eric Aldea, ce dernier se trouvant en symbiose totale avec ses acolytes de toujours, Franck Laurino et Ivan Chiossone.
A ce niveau, c’est aussi d’excellence dont il faut parler et Zëro navigue là génialement entre noise mâtinée de plans post sombres (Last bills for lapdance en ouverture, énorme), pop urgente à la Wire sur Ich…ein groupie (là encore la bio dit vrai et les penchants pop de Zëro créditent grandement le disque). La musicalité du groupe n’est plus à démontrer, elle dépayse même (Lac Baïkal), calme le jeu mais demeure obscure et prenante. Ces trois-là sont imprenables; réunis, ils triturent les sons, explorent sans qu’on s’y égare, groovent dans un climat psych-noise des plus accomplis (The drum thing).Puis on les retrouve dans un format qu’ils affectionnent et maîtrisent depuis belle lurette, remonté, riffant en diable et perversement psyché (Boogie tango thrill).
Voilà pour la face A, de haut niveau. On enchaîne alors avec la noise mélodique de Cracking. Sons inédits et mélopées sensibles ont leur place dans l’univers du groupe, bousculés certes par sa force de frappe. Zëro emmène par son post-rock finaud et ombrageux, retenu (Jed/Snowdog), qui monte en puissance, crissant et enivrant, sans jamais exploser. Il dévoile à nouveau sa vêture poppy sur Cheap dream generator, jazzy, porté par des sons dont le groupe détient le secret. C’est également une atmosphère jazzy qui anime l’amorce du titre final, San Francisco. Pétri de style, distingué, le morceau conclut l’épopée San Francisco, courte mais captivante, dans une élégance confondante. Tout comme le talent de ces trois défricheurs qui nous refilent là une fournée à la hauteur de leurs aptitudes.