Nouvel album pour le DIIV de Zachary Cole Smith, ex-Beach Fossils, qui nous offre ici la bagatelle de dix-sept titres indispensables, notamment pour les inconditionnels de cold-pop noisy et shoegaze, délicate ET offensive.
Is the is are, ledit disque, brille en effet par l’éclat de morceaux à l’écoute desquels on entend tout à la fois, ou ici et là, autant The Cure que Cocteau Twins ou encore The Pains of Being Pure aT Heart pour l’élan poppy vivace, dopé au noisy millésimé. Sur les traces de Out of mind, premier essai déjà entraînant, sucré mais alerte, c’est un sans fautes qui nous est livré; plus cold sur le contradictoire (par son intitulé) Under the sun, bourré d’accords qu’on garde en tête, simple et sans esbrouffe, porté par la voix caressante de Cole Smith. On pense aussi à un My Bloody Valentine moins louvoyant, moins expérimental, on fond devant l’évidence de mélodies pop à la fois aériennes et dépolies. Si le rendu n’est guère variable, il recourt à plusieurs atours, bien imbriqués, et ne dévoile aucun essai moyen. DIIV nous tient ainsi en alerte sur une durée conséquente, impose un disque uni et cohérent. On n’en détachera aucun titre en particulier; on est plutôt, pour le coup, dans la recherche d’un tout pertinent, marquant.
Le bien nommé Dopamine procure un vif plaisir, de même que la voix sensuelle et ombrageuse de Blue boredom (sky’s song). L’écoute se fait d’un trait, recèle des plans cold délectables (Valentine). Chaque morceau présente son lot de belles surprises, suit une ligne directrice fidèle et maîtrisée de bout en bout. De gimmicks à la The Cure (Yr not far, Take your time) en clairs-obscurs de grande qualité, il devient inconcevable de ne pas adhérer. A mi-chemin, le titre éponyme déboule, froid, entêtant avec son refrain répété. Suivra un second volet non moins accompli; Mire (Grants’s song) l’inaugure parfaitement, vaporeux dans le chant, offensif dans l’instrumentation. La cadence reste élevée, contribuant par son énergie à l’impact de l’album dont les basses froides sont elles aussi un atout énorme. Le désenchantement poppy qui parsème l’opus est communicatif, presque optimiste, élaboré avec une belle inspiration. On terminera l’écoute avec un trio imparable, avec en dernier lieu Waste of breathe qui baisse le rythme pour privilégier l’atmosphérique, en final valeureux doté d’élans bourrus. A la fin duquel on se remet dans les fouilles ce Is the is are d’excellente tenue, plus que digne des promesses entrevues sur l’essai précédent.