Creillois, parisien d’adoption, Antonin Lasseur peut déjà se targuer de plusieurs dates significatives (ouverture pour son « mentor » Jean-Louis Murat, pour François & the Atlas Mountain ou encore Slow Joe). Il évolue dans un format blues-rock qui jalonne ce deuxième EP, enregistré tout comme le premier aux Etats-Unis. Ceci dans le studio de Chris Koltay (War on Drugs).
On y dénombre cinq titres de valeur, joués avec l’appui de musiciens chevronnés (Joey Mazzola, de Sponge et Detroit Cobras, à la guitare, Greg Beyer (Rodriguez) à la basse et Todd Mc Nulty à la batterie), qui déclament une poésie sereine dans la diction (Au clair de lune), en d’autres temps plus acidulée, l’instrumentation se faisant plus acérée (La petite voiture bleue et son duel vocal) sans toutefois s’avérer par trop rugueuse. Dommage, se dit-on alors.
C’est toutefois une sortie de qualité, lancée par Le spleen du bétail, mélodieux certes, dont les guitares brodent de jolies trames douces-amères et qui usent à la fois de l’Anglais et de notre langue-mère. Ce sont de mini-standards du style qu’il affectionne que nous sert là Lasseur, qui ne lasse d’ailleurs pas. On constate de réels progrès depuis le Tremplin Jeunes de la GAM de Creil, fin 2014. Jeune, il l’est toujours mais désormais, il joue et écrit avec l’assurance des « anciens ». Belle idée, La petite voiture bleue trouve dans son Alternate take un pendant rude, aux guitares bluesy bourrues, chanté en Anglais. L’effort complète l’ep du Picard/Francilien avec justesse. Enfin, un tranquille Romance (live…à la GAM de Creil justement, lieu « repère » pour Antonin Lasseur), plutôt folk et mettant en exergue le verbe du bonhomme, vient parachever une besogne aboutie, textuellement comme dans la toile musicale, avenante et jamais déplaisante.