Septième album pour Matt Eliott avec The calm before, six titres au compteur (cinq en réalité, après une ouverture courte et dispensable), et toujours le plein de beauté à la fois pure et troublée (le léger ouragan final de l’éponyme The calm before, entre autres exemples d’écarts bienvenus) dans le contenu, évocateur à souhait, épuré.
Sur ce nouvel effort, en effet, l’intime de son auteur, épaulé, à nouveau, par Jeff Hallam (Dominique A) à la contrebasse, David Chalmin aux guitares, claviers et lecteurs de bandes et Raphaël Séguinier (Hindi Zahra, Emilie Simon) à la batterie, prend aux tripes et s’étire sur des longueurs conséquentes. Après le titre décrit plus haut, vient en premier lieu The feast of St Stephen, le…plus court de ses essais, sur lequel chant sensible et jeu de guitare remarquable, folk mais « maison », suffisent à créer un climat prenant. Si la formule parait immuable, elle génère des atmosphères uniques, animées par un léger rythme qui leur donne une certaine intensité, un côté gentiment belliqueux aussi (I only wanted to give you everything).
C’est beau et introspectif, étoffé avec soin, le tourment guette et souille avec panache les recoins des chansons. La symbiose avec ses deux acolytes est totale, ceux-ci lui conçoivent des écrins ajustés, mesurés mais dotés d’aspérités. La voix est touchante, marquée par un désenchantement presque palpable, par une certaine forme d’espoir aussi. On se dépayse avec Wings & crown, orageux, caractériel, zébré de guitares colériques et porté par une batterie au fracas délicieux tandis que derrière, la contrebasse dérape allègrement. La montée s’apaise ensuite avant une terminaison à nouveau tumultueuse, le trio détenant visiblement la mainmise sur cette succession d’ambiances opposées et pourtant complètement complémentaires.
A l’issue, c’est The allegory of the cave qui met le dernier coup de pinceau, en clair-obscur de choix, à une entreprise réussie, avenante mais « maculée » avec brio, qui émeut, transporte et secoue. Tout ça dans le même élan élégant.