Adepte du parlé-chanté sur fond musical de choix, plutôt minimaliste, parfois rétro ou orientalisant et ce avec classe (Repeuplons 1, Vince Taylor en ouverture, court mais qui plante joliment le décor sur nappe de riffs bluesy), Gontard! évoque comme le dit justement sa bio un Mendelson tant dans le verbe que dans la formule.
Repeupler, son album, s’avère par conséquent intéressant, marqué ici et là par des rythmes hip-hop et une critique sociale lucide, par la beauté d’un verbe touchant et de ce qu’il évoque, aussi (Inutile d’affranchir). On, est, musicalement, dans une retenue sous-tendue (La saison des grands froids), Gontard! recourant à des sons simples mais décisifs quant à la portée de son ouvrage. Le décor peut s’y assombrir (Repeupler 5), se faire ensuite plus « lumineux » (un magnifique Mon frère est fils unique, avec ses cuivres free); il est constamment de choix et met d’autant plus en valeur des textes habiles, qui donnent matière à réflexion. Amer, ironique et désabusé mais malgré tout porteur d’espoir dans ses trames narratives (un splendide, une fois de plus, La France des épiciers), Gontard! signe un opus de qualité, élégant dans son tourment. Cratere(s) fait dans le noisy classieux, Sanglier s’en tient à la dualité voix-piano, soulignée par des battements electro discrets.
Tout, ici, est bon: Sauvagerie tropicale est presque orchestral, joliment cuivré. On relève autant la valeur musicale de l’album que l’intérêt de ses mots. Enfin de parcours, Gontard! livre Oh moi!, finaud et lo-fi. Puis le bourru et très rock Rivoluzionari conclut puissamment, dans l’urgence et le cru d’un discours offensif, bardé de cuivres à nouveau estimables, libres, un superbe disque.