Actif, discographiquement, depuis 2012, Tropical Horses, de Paris, a déjà sorti moults eps, splits et singles pour aujourd’hui aboutir à Mirador, superbe premier lp aux neuf compos insituables. On s’y perd, on y navigue entre élans à la Suicide (Your love is a devil, après l’excellent Satanic prayers qui ouvre le bal, très « Rev-Vega » dans sa déjante obscure), expérimentations toujours assez mesurées pour attirer et teinture pop passée au filtre de colorations musicales diverses, parfois entremêlées.
Dans les pas de Satanic prayers donc, à la fois beau et souillé, entraînant aussi, bardé de sons fous, Tropical Horses fait preuve de brio, d’inspiration…et n’obéit à aucune règle. On s’en réjouit, Dead gaze exorcism fuzze et saccade, souterrain lui aussi, porté par des boucles insistantes. Here comes your ghost « illumine », si on peut dire, le propos; magnifique, sensitif, il conserve néanmoins le penchant underground de la formation francilienne. Lui succède Hologram, barré, psyché, lo-fi de par son économie de moyens. Cosmique, flou et vaporeux, ledit morceau n’est pas sans effets, positifs pour l’esprit et bienfaisants à souhait.
Mirador permet l’évasion, enchante avec ses claviers bavards et tient toujours ses promesses sur sa face B, inaugurée par Rivers of sadism. Lancinant, ce titre traverse lui aussi le cosmos tout en demeurant souterrain dans le ton. Le disque embarque son auditoire, le fait décoller, use pour cela de motifs décisifs comme ceux de ladite chanson. Le contenu est simultanément pur et grinçant, sauvage et avenant. Wild night et ses voix brumeuses, son énergie débridée, validant la valeur d’une rondelle personnelle, captivante. Ca fait du bien, on y trouve des encarts tribaux, des incursions indus et tout ça est imbriqué avec maestria. Impenetrable darkness s’appuie sur ses percus lourdes, ses chants spatiaux, pour à son tour et avec un impact sonique certain, imposer sa différence et ses sautes d’humeur soniques et rythmiques. Puis Depressed is only the beggining, vive electro pommée dans le cosmos, injecte la dernière dose vitale à tout amateur de zik défiant le commercial, dont elle constitue le parfait opposé, et reflétant l’esprit insoumis d’un groupe talentueux. Avec, dans l’entre-deux, des trouées folk et shoegaze de tout premier choix.