Génial alliage entre poésie et musiques bien imbriquées (electro, hip-hop comme sur Athènes qui amorce les festivités, rock et j’en passe), Schvédranne est avant tout du à la rencontre entre Antoine Colonna (musicien machiniste et compositeur) et Gilles B.Vachon (auteur). Bourlingueurs actifs dans plusieurs domaines (musique donc, écriture, enseignement à des publics inédits, dramaturgie etc…), les deux hommes s’associent donc sous le projet Schvédranne, pour cet opus intitulé Athènes?.
D’emblée, on y est frappé par la valeur des textes et l’excellence de leur enrobage sonore, passionnant, faisant appel à plusieurs colorations musicales. On est presque même, sur l’étendu Stupeur et tremblements, dans l’electro-noise et la déclamation de Vachon, profonde, est de celles qui marquent. L’album est un ovni musical qui peut secouer et dépayser, s’installer dans une sérénité en clair-obscur savamment conçue, secouée par des sursauts electroïdes (Canto salgrado). Les deux comparses mettent en commun un ressenti insondable, long, déjà, de plusieurs décennies notamment pour Gilles B.Vachon. Amerigo vespucci et son hip-hop, dans le rythme, teinté d’electro transporte par ses sonorités, malmène par sa cadence assénée, recourt même à des gimmicks reggae, parfaitement intégrés.
Le rendu est un parfait exemple d’ouvrage commun approfondi, passionné, singulier. Haïti obscurcit le tableau, ses synthés-cuivres sombres et sa narration amère, parfaitement ajustés, en font un morceau inclassable, à l’image d’ailleurs de l’intégralité du disque. Voilà par conséquent une superbe surprise, loin des formats traditionnels, que Litanie de goudron et ses neuf minutes outrepassées renforcent à la fois étrangement, dans le verbe comme musicalement, et implacablement. Il y a du Young Gods, ceux du tout premier album, dans la poésie hallucinée des textes comme dans la formule sonore. On s’entiche de ces atmosphères grises, des vagues rythmiques (sur ledit titre, c’est drum’n’bass enivrante, de plus en plus puissante, aussi, au fil du morceau) concoctées par le talentueux Colonna. On atteint des sommets d’inventivité, on se démarque et ça se remarque.
— marque ensuite le retour à une durée restreinte. Dub dans ses atours, il impose sa coolitude et ses sons insistants. Et pour clôturer, Alger et sa superbe description, ses vagues electro irrésistibles, ses breaks qui emmènent ailleurs, livre sa troublante beauté. Imparable.