On le pressentait sur les lives récents, on l’entendait, déjà, aux dires de ses membres; les « vétérans » amienois de Notepok, en plus d’une nouvelle fournée discographique, mettent celle-ci à profit pour élargir, avec à propos, leur horizon.
Le bien nommé Nouvelles fondations, bel objet auquel un soin particulier a été apporté (pochette et livret sont l’oeuvre du performant Alexis Ferrier), livre en effet son mot de surprises bienvenues. On reste bien entendu dans des eaux punk-rock brutes, au discours direct et « inobéissant » (Planons) et l’amorce, avec l’excellent Ultralibéral, ne nuance que très peu, voire aucunement, le registre du groupe.
Qu’à cela ne tienne, l’innovation arrive ensuite, timidement, avec les options mélodiques de Nouvelles fondations, tout au moins en son début. Souffre tumeurs allie énergie punk et riffs métal, il blaste comme il se doit. Dans ce putain de monde « calme » le jeu, baisse la garde du point de vue rythmique et conclut, belle initiative, par des voix enfantines, un peu comme si les plus jeunes, déjà, prenaient conscience de l’exigence du monde actuel. Belliqueux fait parler son intitulé mais y greffe des élans reggae estimables, puis voilà un hommage au Grand Wazoo, emblématique caf’ conc’ local ayant récemment fermé ses portes. Ca riffe dur, le clin d’oeil est plutôt abouti et on est ici dans des sphères rock’n’roll (un solo bref mais marquant) plutôt que punk-rock bien que ladite tendance teinte le morceau.
Ensuite, France forte envoie un rock retenu, à la dynamique reggae parfaitement intégrée, qui se fait ensuite nettement plus punk mais en breakant adroitement. On n’est guère surpris mais le boulot est bien fait, avec le savoir-faire de vieux routiers de la scène. Le disque se veut d’ailleurs proche des prestations lives de Notepok, il l’est assez clairement. John song, qui lui succède, défouraillant tous azimuts sous le joug d’une vigueur punk délibérée. Le chant est colérique, les grattes incendient le tout et la rythmique est bien loin d’être en reste, jamais prise en défaut. Play with me, bonne idée, instaure l’Anglais et trace lui aussi sans détours. L’apport tient en ce que Notepok amène à ses nouvelles compos des breaks, posés ou maintenant la tension, efficaces et faisant appel à d’autres courants musicaux qu’il insuffle sans se vautrer. Comme déjà dit, c’est le punk-rock qui préside (Like it),mais il n’est plus seul aux manettes. Lolo se fend de parties de grattes plus volubiles, sans trop en faire. WE LIKE IT!
Il reste alors trois chansons à brailler; Touche d’espoir envoie son ska-punk qui débute ska pour enchaîner punk, dans le plus grand naturel. Tout est en place, spontané aussi, et les genres s’imbriquent sans que le rendu sonne forcé, loin de là. On nous gave…ne nous gave pas: il s’inscrit dans la lignée de ce que fait le groupe et on en appréciera les chants qui se complètent, les choeurs virils aussi.
Enfin, c’est un dub aux effets psyché certains,; DubXologie, dont me contenu et la durée font décoller, qui met fin à l’ouvrage. Le dub à la Notepok est planant mais rude, ou l’inverse. Massif et spatial, ou l’inverse, si on veut surenchérir. Il impose un nouveau break bien senti, doté de voix samplées, puis se pare d’une énergie punk « maison ». Tout ça est réussi, le refrain, simple, est en plus de ça assez fédérateur. Avec, comme cerise sur le gâteau, un dialogue de fin retraçant les excès de notre « superbe » gouvernement. On vous fournit la vaseline, vous dit-on…et Notepok, lui, assure grandement, avec ce Nouvelles fondations, sans recourir à la même substance.