Animé par le refus d’évoluer dans un registre figé, Benjamin Schoos s’essaye pour ce nouvel album, Night music, love songs, à un registre feutré, doux, à base de…Night music et love songs.
Après ses efforts avec Loved Drones ou sous le pseudo Miam Monster Miam, ça dénote mais en sept titres majestueux, on se rend à l’évidence: avec son piano blanc, sa boite à rythmes et ses vieilles machines, il parvient à émouvoir, d’abord, puis à instaurer une ambiance racée sans discontinuer, verbe agile à l’appui, ensuite. On ne s’ennuie même pas, ou presque, tant le rendu est uni dans la foulée de I love you qui se fait entendre le premier. Presque langoureux, il souffle une sorte d’atmosphère jazzy tranquille, distinguée, qui va faire le cachet de tous les titres. Les claviers flottent dans l’air, le chant sent l’amour, tout est parfaitement ajusté, sans émotion surjouée. Un saxo léger orne l’oeuvre. Le piano n’est pas en reste, il introduit Un parfum de nostalgie et en constituera l’essentiel décor. Schoos n’en rajoute jamais, il se permet quelques sifflements, sur Le maître du monde, qui démontre son aisance et le plaisir pris à composer son disque. Le morceau est plus « turbulent », si l’on peut dire, que le reste et dégage une classe qui inonde ce Night music, love songs.
C’est aussi le cas de Le grand paquebot va sombrer, au rythme electro effacé. On s’imagine presque dans le studio du bonhomme, écoutant religieusement le fruit de son labeur passionné. Suit N’enlève pas tout, dans la lignée des essais légers qui forment un tout pertinent. La mesure des arrangements permet à la voix de ressortir, aux mots de prendre tout leur sens. On conclura avec Conducteur fantôme, en constatant que les sept chansons de l’album se ressemblent, beaucoup, mais génèrent une copie de classe que le chant aérien et la littérature éloquente de Schoos, un peu plus « dramatiques » sur cette ultime ritournelle, redorent incontestablement.