Etalon noise anglais « from Leeds », Blacklisters sort avec Adult son second album. D’emblée, un pavé noise leste est servi (Shirts), puis on enchaîne sur le braillé Cash cow. On pense bien entendu à Jesus Lizard, c’et du millésimé que nous servent là Billy Mason Wood et ses flingueurs Il est clair qu’on n’est pas dans le rock de stade, celui qui pue le mainstream et le billet vert. Ici, on joue serré, on transpire et le live se fait autant dans des « tanières » obscures qu’en salle de taille moyenne, à l’humain et au partage vénère.
The sadness of Axl Rose le prouve ironiquement, il hurle et saccade, suivi par un Big ticker du même tonneau, lourd, abrasif. On alterne entre fracas et tempo pesant (Weasal bastard), des relents hardcore saupoudrent ce disque sans concessions. Il y a là, aussi, des amorces obsédantes comme sur le tout dernier morceau de la face A, qui laisse ensuite place à un format retenu; excellente initiative qui fait de plus respirer l’ensemble tout en le sous-tendant.
Il va de soi que les gars maîtrisent le jargon noise, la face B le démontrant à son tour le temps de cinq glaviots inaugurés par I knock myself out, aux riffs tranchants comme du silex. Adult est une beigne salvatrice, une purge, probante tant dans une retenue percutante (Dream boat) que dans ses déluges presque incontrôlés. L’éventail est large, cohérent. Et c’est bien chez A Tant Rêver du Roi, label palois insoumis et différent dans les genres prônés, que Blacklisters a élu « domicile ». On ne s’en étonnera guère à l’audition d’un album varié dans son genre, qui a le mérite de ne jamais faire dans le tout frontal gavant. Power ballad crache des riffs tronçonnés, on coupe parfois le flux pour ensuite cogner à nouveau. Priss met à profit des riffs encore une fois mordants pour imposer sa productive répétition. Puis Downbeat, non moins asséné, conclut dans la logique d’une oeuvre intègre, à réserver, cela va sans dire, aux initiés et à ceux qui s’inscrivent dans le refus délibéré des contenus populaires et aseptisés.