Possesseur d’un identité musicale forte, ouvert à tous les essais, Aucan ne se fige jamais. Collectif plutôt que groupe, il avance encore sur ce nouvel opus intitulé Stelle fisse, imposant une sorte de techno stellaire et captivante, exigeante aussi, qui ne se livre pas à la première écoute. Dotée de voix « floues » (cosmique sur l’excellent Disgelo qui ouvre le bal, non moins haut perché que son chant, de même que sur Friends qui prolonge la plongée en plein cosmos de manière probante, robotique presque), elle retient l’attention par son côté hypnotique. Elle revêt, de plus, des formes variables, et se fait vive ou plus inerte (Loop layers).
On notera l’intérêt des voix éparses, à nouveau notables sur Disto et ses saccades rythmiques, et l’aisance des Italiens à élaborer un panel large, intéressant. On plane avec eux, Above your head impose lui aussi sa répétition, décisive. Les sons sont ingénieux, on ne s’ennuie pas sur cet album pourtant voué à un créneau musical parfois voire souvent lassant. Grime 3 se fait club, s’appuie sur ces chants décidément bien amenés; il y a dans Stelle fisse une unité qu’on ne contestera pas. Aucan évolue donc sans se dénaturer, creuse avec talent ses orientations célestes. Il « dégraisse », aussi, pour réduire son propos à l’essentiel.
Light sequence boucle sévère, un peu trop peut-être, Outer space fait de même et le passage marque une légère baisse dans l’intérêt suscité en même temps qu’une tendance plus expérimentale.
Enfin, Cosmic dub transporte en se voulant plus étayé, la fin du disque attirant toutefois mois l’oreille, à mon sens, que ce qui précède. Sans que le résultat en pâtisse trop, notons-le; on est tout de même chez Aucan, passé maître dans la construction d’ambiances dignes d’intérêt.