Il est bon, il est même nécessaire, d’évoquer en ces colonnes les espoirs locaux et régionaux. Issu du Label 1 abbevillois, Noor en est, en atteste son brillant dernier live, couplé à la sortie de ce premier EP intitulé It’s time, à l’espace Saint André de cette surprenante ville d’Abbeville.
Premier jet, donc, et déjà de belles promesses générées par six morceaux à la mélancolie prenante et qui prend ici différents atours. Rageuse sur You’re not alone qui riffe durement et se pare de motifs de claviers justes, le chant émotionnel de Vincent Murat complétant le tableau ainsi qu’une rythmique unie, elle préside et c’est quelque part en elle que la force du groupe réside. Dans cette capacité à la vêtir de manières diverses et constamment attractives. Entre rudesse rock, beauté pop et encarts electro, elle trouve sa place et ne manque pas de classe.
Ainsi, le virevoltant It’s time, au pouls electro mais aux contours pop-rock que sertissent de superbes claviers, se distingue t-il lui aussi clairement. Il y a là de l’émotion, un propos sincère et on sent que Noor à oeuvré depuis ses toutes premières répétitions. Ce sont de petites pépites pop qui nous sont ici servies, ornées, aussi, par de belles guitares cristallines. Plus loin, un This is « cordé » sobre dans son décor élargit la palette du groupe et en étend le ressenti. On n’invente rien mais on fait tout bien, me plais-je à constater à l’écoute de la galette, aboutie. Waiting for the sun use des mêmes ficelles émotionnelles, de la même sincérité dans le rendu. C’est subtil, peut-être l’enchaînement des deux manque-t-il de nerf mais la guitare apporte ensuite ce mordant qui fait franchir un cran supplémentaire à l’ouvrage. On décèle un dosage bien pensé dans les éléments utilisés et le titre s’enhardit ensuite rythmiquement. Bonne idée et bonne copie que Breathe me crédite également, délicat mais soutenu dans sa cadence. En émanent de beaux penchants folk-pop qui dégagent le terrain pour une ultime réalisation brillante: I’ll be there et ses choeurs qu’on reprend volontiers, sa trame pop-rock mélodiquement accomplie. Belle initiative que de terminer sur une note simultanément enjouée et « offensive », breakée de façon judicieuse pour ensuite relancer la machine. Le résultat s’avérant excellent à l’instar, d’ailleurs, d’un EP bien ficelé, qui plus est avec l’apport non négligeable d’Alex Finkin. Le seul bémol tenant dans le caractère trop occasionnel, à mon sens, d’envolées plus ouvertement « colériques ».