Adepte d’un contenu souvent instrumental, Filiamotsa innove sur son petit dernier, Like it is, en conviant ni plus ni moins que GW Sok, de The Ex, au chant. Olivier Mellano venant assurer les guitares, il va de soi que le résultat n’en est que plus brillant encore.
Le duo originel ne se dépare cependant pas de ses atours noise, psyché parfois (Sleepy tigers), savamment troussés. La nouveauté, c’est ce chant qui donne de l’envergure au labeur de la paire Laguerre/Weber. Celle-ci démarre en tranchant dans le vif d’une noise sauvage et racée (The little shop), qui monte doucement en puissance et au sein de laquelle la voix de GW Sok, d’emblée, se démarque. On retrouve donc la patte Filiamotsa, ici exaltée par l’organe vocal du Hollandais. Madsummer midness entête par ses sons répétés, ses détours krautrock, breake pour après cela repartir dans ses saccades étourdissantes. Le groupe n’a en rien perdu la main; au contraire, il se renouvelle en demeurant dans sa lignée.
Des guitares crues pleuvent, la retenue d’un The bus is late again, ses sonorités dépaysantes en font une autre réussite et Blab/Blub, sons flous en intro à l’appui, impose ensuite sa cadence, pesante, et son côté réitéré tout bonnement hypnotique et irrésistible. Il y a dans Like it is une puissance de feu certaine, à la The Ex d’ailleurs, couplée à une belle subtilité et à des éléments qui « embarquent », emmènent ailleurs. Maybe est lui presque doux, sombre aussi, narratif et comme joué au ralenti. L’effet est de taille, prolongé par de brèves secousses noise.
Il ne reste alors plus qu’à porter le dernier coup de semonce et Song, lui aussi lancinant, obscur mais traversé par de brefs traits de lumière, s’en charge avec ses violons déviants « à la Weber/Orivel ». On pense, pour ces climats ombrageux, à Sonic Youth mais c’est bel et bien du Filiamotsa qu’on entend. Du Filiamotasa comme à son ordinaire inspiré et bien éloigné des champs du normal.