Nouvel album pour Camille Warmé AKA Helluvah, selon une évolution à la SoKo, autre grande Dame du rock d’ici, passant d’un registre folk-rock à des accents plus post voire cold sur cet imprenable Long distance runners.
La mutation sans dégradation, voilà ce qu’impose Helluvah sur ces dix titres avec pour « locomotive » ce Derrida guerilla à l’ombrage digne de Joy Division, en plus lumineux toutefois que chez Curtis et consorts. Voilà une entrée en matière « à mention », minimaliste dans l’ornement et maximale dans le rendu, teintée par une basse bien en vue, Oh tenderness se parant lui d’un ombrage à la Polly Jean Harvey et de gimmicks de guitare qui le portent bien au dessus de la moyenne requise. Aiguisé par une discographie qui prend de l’ampleur, le savoir-faire d’Helluvah n’est plus à démontrer, il sert l’intérêt d’un registre renouvelé et Make it right joue une pop-rock obscure, gentiment cold, des plus avenantes.
Il y a, aussi, le chant de Camille, racé, des synthés bien amenés étoffent Life on a video, des guitares bourrues aussi et le positionnement du disque entre clarté et élans monochrome en fait un véritable must. Suit le This is hot qui distinguait l’EP précédent avec un autre chant de taille, celui de Marc Huygens de Joy. Un délice electro-pop/cold acidulé qui clôt un premier quintet de morceaux exaltants.
On se dit en toute logique que la suite sera du même tonneau, What’s the point? souffle une pop vive, aux incursions une fois encore froides, mais non-dénuée de finesse. Tout est bon et ajusté, l’apport des claviers est derechef porteur. A dark and cold wave débute doucement avant de hausser le ton et le rythme jusqu’à devenir un standard pop-rock. Il faut dire que chez Dead Bees Records, on ne fait pas dans la médiocrité et quand arrive Katel, invitée sur The lights, on renoue quelque peu avec les trames « d’avant » d’Helluvah, plus retenues, très subtiles et de caractère. Voilà par conséquent une autre réussite, il en reste alors deux au programme; Highways, court et vif, aux choeurs appréciables, en coup de trique post-punk à la fois doucereux et cinglant, abouti. Et pour finir, Sweet golden years dont la pop vive, saccadée et plutôt mélodieuse, au décor à nouveau probant, met fin à un album dont la qualité est constante, l’attrait conséquent, au même niveau que chez l’excellente Stéphanie Sokolinski donc.