Prenez un label palois jamais aux abois (A Tant Rêver du Roi), trois barjots issus de trois groupes barjots (un membre de Pneu, un autre venu de chez Headcases et le dernier de chez Mr Protector), laissez-les faire et vous obtenez une improbable mixture connue sous l’appellation de « surf zouk garage », déclinée en lot de neuf sur cet album éponyme par Francky Goes to Pointe à Pitre (tout un programme…).
Avec ces Franckys aimant faire leur Jacky, ou le pitre, on est assuré de s’envoyer une pelletée de titres remuants, éloignés, bien les gars!, de l’habituel schéma math-rock frontal ou tellement dispersé dans ses orientations qu’on en décroche au bout de deux morceaux. Il faut dire que les mecs mettent du subtil dans leur tambouille (Le soleil des Antilles), y incrustent des chants d’oiseaux et une ambiance unique. Nous voilà partis pour un trip sur les îles donc, finaud (Rockamazouk), bien joué aussi, très rarement lassant. Douceur agitée et coups de semonce s’acoquinent, les grattes sont bavardes mais éloquentes, il faut parfois suivre ce dédale rythmique pourtant tempéré mais des breaks judicieux (Yaounday) facilitent l’entreprise et étayent le boulot, presque exotique, parfois, dans ses sonorités (Eye of the toucan).
L’erreur de destination est donc plutôt porteuse (on aurait peut-être moins jubilé à Hollywood, quoiqu’avec ces trois là…), Zouk love instaure même une bien belle accalmie. On est encore, un peu, dans l’énergie trop peu jugulée mais la valeur des morceaux l’emporte (un excellent, encore, Diabate olafür). Tanga passion réinjecte une finesse assommée par les coups de boutoir du trio, Tzatzikipiti débute dans la quiétude en la conservant dans une tension retenue et le tour est -bien- joué, sous des palmiers qui vibrent dangereusement sous les assauts pensés de Francky Goes to Pointe à Pitre.