Amarillo vient de Paris, sa découverte m’a été permise par le précieux label Microqlima, et voilà qu’un lundi qu’on pouvait craindre morne prend des couleurs au son du nouvel EP de ce quintet atypique, Tomorrow we’ll be long gone, dont on notera qu’il fait suite à un single et un premier EP datant de 2014.
« Attendez un peu avant de mettre les voiles », a t-on envie de leur dire, à l’écoute d’une psycho surf-pop des plus enchanteresses, que le tube Long gone, à la fois cool et énergique, au timbre de voix qui évoque…Damon Albarn avant que les chants ne s’unissent, porte plus que dignement en deux versions, radio edit et « album ». La formule (chant+e-guitare, e-guitare, charango, basse, drum-machines, claviers et tout le monde aux choeurs, le tout enfanté par 5 personnes), fait l’attrait et la singularité d’une sortie truffé de sons malins. On oscille entre paresse communicative et vigueur modérée ou plus débridée, ça prend parfaitement et Santa Monica dégage ensuite des effluves western soulignées par une voix sensible. C’est à la fois spatial et enlevé, ça dépayse, c’est en plus très beau et ça fait du bien à la caboche…
Tomorrow we’ll be long gone mais c’est maintenant qu’on décolle, des sonorités fines et insistantes, un climat obscur drapent la fin du morceau, qui dérape en mode lo-fi/noisy sans y perdre de son impact, bien au contraire. Breaches impose la même fraîcheur, la même brillance poppy alerte, les voix entrecroisées font merveille à l’image d’un ornement instrumental soigné. Amarillo a sa propre identité, ce qui consolide son ouvrage, et termine le boulot avec Tomorrow, essai psyché dénudé et lancinant, animé par une cadence insistante. Le tout dans un climat euphorisant, empreint de « coolitude vocale » et hautement prenant, serti de mélodies parfaites, pour une bien belle révélation déjà honorée entre autres par Inrocks Lab.