En « compensation » indirecte de la fermeture successive des caf’conc’ du coin, il reste sur la place amienoise de rares endroits où jouer sans subir l’égoïsme du voisinage et des structures pour se faire accompagner. La Cité Carter en fait partie et à l’issue d’une résidence, La Monkey Machine avait le bonheur en ce vendredi d’imposer sa fusion à la Lune des Pirates, avec pour sparring-partner The Knuckleheads et son registre musclé.
Pour la somme de 2 euros et sans risque de heurts avec les alentours, deux formations en essor se produisirent et les KnuckleHeads firent valoir un rock’n’roll sous haute tension qui cogne et trace ou se fait plus massif, agrémenté de guitares furibardes. Stoner, hard estampillé « d’antan » et élans mélodiques, le quintet picard, en bonne teigne, assène de bonnes beignes et démontre qu’il faudra à l’avenir compter avec lui si l’occasion de percer (c’est un écueil constant, à terme, sur la scène locale) lui est offerte et ne présente aucune ombre au tableau. Les compos sont solides et cohérentes (The blunder marker, Chuchi, entre autres), l’ensemble est peut-être encore un peu « jeunot » et perfectible mais dévoile d’évidentes dispositions.
Bonne news donc, Amiens regorge de groupes (il « suffit » ou « suffirait »pour certains de les accompagner, pour bon nombre d’entre eux c’est en cours avec Le Patch, la « Lune » donc et Cité Carter bien sûr) et dans la foulée, La Monkey Machine va, lui, faire entendre un registre ouvert, qui fusionne gentiment et réserve des morceaux fiables, dynamiques ou plus nuancés, saupoudrés de quelques claviers bien sentis. On écartera un morceau trop proche, dans l’esprit tout au moins, de Fauve avec sa trame en spoken-word surlignée par un fond poppy, et quelques embardées bien trop « mainstream », dispensables. Mais le carnet de scène tient la route ou plutôt les planches. Le quintet a d’ailleurs bien…planché, ça s’entend, il prend plaisir à jouer et entre pop et rock, métissage encore timide mais de qualité, entre impact sonique et plages plus intimistes aussi, présente à son tour des aptitudes incontestables. Au sein du public, on adhère et même la frange la plus âgée approuve, à l’unisson avec une partie plus jeune bien fournie.
On suivra donc ces deux groupes, et pas qu’eux, avec attention car au delà de ça c’est toute la scène locale et régionale qu’il faut mettre en lumière. Dans l’attente d’autres initiatives de ce genre, qui en plus de générer un bon moment décibélisé permettent de belles découvertes « du cru ».
Photos William Dumont.
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