Américain, Dalton est le projet d’un seul homme, qui sort ce premier album éponyme, décrit comme « mélancolique », sur le label anglais Fierce Panda.
C’est déjà un bon point pour lui et si mélancolie il y a, jamais elle ne génère l’ennui,loin s’en faut. La dynamique pop-rock du disque, ses montées fiévreuses accompagnés par une jolie voix (Breaker) et même ses moments posés au piano (le tout premier titre, Bedford & Grand, avec ses envolées de guitares géniales qui secondent ledit piano) rendent ce premier jet largement fréquentable. Dalton s’appuie sur des idées simples mais décisives, autant que ses influences (Bowie, Blur, Peter Gabriel), secoue son allégorie (What never should end) avec ferveur et adresse, proposant un registre solide et simple à l’écoute, mais toutefois de caractère. Belle surprise que confirme un tranquillisé New time, aux sons en boucle de nature à nous squatter l’esprit. Puis ce court mais agité For the last, dynamisant, qui fait de la première moitié du boulot une réussite incontestable.
Le second volet replante les jalons d’une mélancolie éloignée de la mièvrerie, habitée par des sons, et un climat, orageux, sous-tendus (Only names) mais aussi fins (superbes guitares sur ce titre), avant de bons vieux riffs clairement rock sur le sauvage et excellent Control, dont la voix un peu « flemmarde » évoquerait Dinosaur Jr. Plus l’écoute se poursuit, plus on s’entiche d’une rondelle sans défauts ni excès, porteuse d’un dépouillement, le temps d’un joli Autumnal, enchanteur, taillé dans une folk gentiment ombragée, presque lo-fi. On est conquis, la vigueur de Second (Afterglow) achèvera de nous convaincre, en mode pop puissante-élégante. La fin se fera dans une relative tranquillité (So long, so well), dans la grâce vocale aussi, avec pour tout ornement une batterie qui varie entre insistance et effacement, et un fond noisy puis retenu, en touche finale sublime à un opus qui en surprendra plus d’un et détient le potentiel pour venir chatouiller les cimes de la hiérarchie pop mondiale.