Octobre 2006, je débarque avec quelques « collègues » de l’école d’éducs’ d’Amiens au Festival du film documentaire de Clermont-Ferrand. En errance dans cette ville bien rock, me voilà à décrocher l’un des casques d’écoute d’une enseigne dont je tairai le nom. C’est alors que le Radio silence de Steeple Remove me résonne délicieusement dans les oreilles, fort de ses essais shoegaze mêlés à d’autres plans nettement plus planants. Je passe alors le casque à mon acolyte Romain, qui laisse échapper un « Oh putain! » pour le moins expressif.
S’ensuivront l’achat du disque, puis d’Electric Suite, et la vision extatique du groupe en live, sur ses terres, au 106 de Rouen.
Depuis, plus grand-chose si ce n’est une relative déception de ne plus les entendre, d’autant qu’Electric Suite était bon mais pêchait parfois par manque de vigueur.
Eh bien réjouissons-nous, le quatuor normand redéboule avec un super opus « krautshoegaze » des plus vigoureux, bardé de guitares tapageuses et de synthés qui emmènent haut (Sunchine), nommé Position normal. « Réveillé » par Gonzaï Records, le groupe sert neuf morceaux dont on ne décroche jamais, marche sur la tronche du rock allemand par la valeur de son répertoire et l’impact de ses mélopées (Mirrors en ouverture, fin certes mais aussi cinglant). Il conserve bien entendu les mélodies, donc, qui font aussi sa force, mais les entraîne dans un flux incoercible, fait dans le post-punk synthétique avec une maestria confondante. Silver banana et ses riffs de claviers, son ton à la Suicide, un Unclean plus clair et non moins passionnant; l’entrée en matière flingue tout et puis c’est tout. On retrouve, décuplés, les éléments décisifs des « Steeple », plus que jamais griffus et distordus et qui refont une incursion en territoire plus posé le temps d’un magnifique Invisible lights. Placé en plein milieu du disque, ledit titre trouve sa place, puis Calling up réinstaure une tension à mi-chemin de la mélodie et de l’explosion sonique, parfaitement ajustée. L’accouplement organique-synthétique est lui aussi parfait, Position normal est, dans son intégralité, un voyage cosmico-sonique des plus profitables, que des breaks judicieux étoffent ça et là. Activation fait dans le spatial épais et saccadé, aux voix sensibles, Imaginary girl trace un shoegaze trépidant, on est juste bluffé par la forme du groupe et la qualité, imprenable, de son ouvrage.
Enfin, Home run et ses sept minutes d’un subtil mais mordant krautrock, qui sur sa fin se pare d’éléments sonores en contraste avec l’ornement de départ, met un terme à un essai irréprochable, incontestablement supérieur à ce qu’a pu produire la formation concernée auparavant.