Spécialisé dans le dénichage ou « recyclage » (Marie & les Garçons) de pépites cold et acérées, Gonzaï Records présente entre autres fleurons ce duo parisien, Déficit Budgétaire, qui fait dans une cold-wave/post-punk de bon aloi bien retranscrite sur ce second EP, Sanction. On y navigue entre plans noisy-shoegaze à la APTBS (Greedy smile), un We are mécanique emmené par une boite à rythmes cheap qui force d’entrée la décision, climat froid et grinçant aidant, et deux autres morceaux tout aussi estimables. Enter the void, dont émanent des sonorités floues et obsédantes ainsi qu’un chant singulier, lui aussi prenant, est le premier d’entre eux et étaye un disque souterrain, ténébreux, qui à l’occasion s’offre une petite trouée de « lumière » et évoque Jessica 93 d’une part par sa qualité et d’autre part par ses aspects noisy, et shoegaze, récurrents.
Le second des deux et donc dernier de l’ep, Johnny Blaze, renouvelle ce chant narratif qui émerge avec peine d’un magma sonore bien conçu, bruitiste, le tout sur une cadence appuyée. On se sent bien dans l’univers de Déficit Budgétaire, qui semble non seulement par son nom mais aussi par la texture de sa musique dépeindre le monde actuel, froid et dépersonnalisé. A la différence près qu’on s’attache à la paire francilienne, convaincante, et nettement moins à la réalité qu’elle met en avant…mais à laquelle ces quatre morceaux constituent un bien bon antidote.