Electro, dustep « et pas que », rock heavy et j’en passe, la soirée était au brassage des genres en ce vendredi 13 février (qui visiblement a porté chance à l’assistance, régalée par les formations en présence), à la Lune des Pirates de l’ex-Samarobrive.
En effet, si l’ouverture incombait à 2 Freshhh et son mix plutôt plaisant (et « non lisse », ce qui le distingue au constat de l’effet roboratif que génère bien trop souvent ce type de performance) vécu avec animation par son auteur, la suite faisait se succéder Orfaz et son dubstep ravageur, puis le I Am un Chien !! de David Fontao, signataire, pour sa part, d’une heavy-electro à la puissance de feu renversante.
Mais revenons-en au début de soirée, qui me permet de croiser une classe de lycée fort sympathique, venue dans les murs de la « Lune » pour interviewer Orfaz et qui, dès le set de 2 Freshhh, se trémoussera dans une belle unité pour ensuite enchaîner avec un entrain plus affirmé encore sur le set de ses chouchous. Impressionnants, ces jeunes, autant que le set sonique et agité, personnel dans le genre, du quatuor parisien. A la fois vif et saccadé, inventif et débridé, Orfaz taille dans la couenne du dubstep, lui assène du groove ainsi qu’une belle ouverture et a le bon goût d’en casser le flux par une dose appréciée de rock’n’roll, au moment même où le set aurait pu devenir redondant. A l’écoute, on pense à plusieurs formations mais la bass music du groupe mériterait avant tout l’appellation d’Orfaz music tant elle s’avère accomplie, dégagée de ses influences. Il faut dire que les gars sont producteurs de zik electro, ça aide à défricher adroitement. Electro, dub et dubstep donc, élans hip-hop, plans massifs ou plus speed, Mère Musique n’y reconnait plus ses petits et voilà une mixture « hors-phase » qui éboule les murs de la Lune, rendant la pareille avec brio à ces jeunes dont l’interview a visiblement été hautement estimée par le groupe.
Vient l’heure pour eux de quitter la salle, dommage tant leur enthousiasme énergise la Lune et se communique autour d’eux, mais I Am un chien va à son tour enfanter un live puissantissime, entre riffs dévastateurs et séquences electro maousse, engendrant un impact incoercible et un set qu’on n’est pas près de se chasser de l’esprit. La voix braille, change de ton sans planter, se fait à l’occasion plus « légère » et la cohésion du trio, charpentée par les riffs de Douglas Cavanna, le porte vers les plus hautes sphères d’un courant qu’à l’image d’Orfaz, il réinvente avec maestria. On le situe entre Prodigy et RATM, l’avis est juste mais I Am un Chien !! s’essaye avant tout, avec succès, à créer son univers propre. C’est plus que réussi, je me cogne avec mon appareil en headbangant comme sur le Psalm 69 de Ministry et dans le public, on s’éclate sévère (dommage, toutefois, que certain(e)s ne soient arrivés que pour le trio de Fontenay sous Bois). Trépidant, I Am un Chien a du chien, balance de la séquence, on kiff ses riffs et on prend le chant dans les dents. Inutile de tenter de rester en place, on se trouve là devant l’un des shows les plus chauds vécus dans les lieux, qu’on quitte tourneboulé et doté d’une double satisfaction, d’abord musicale évidemment et ensuite morale dans le sens où les intervenants du soir nous ont lavés de tout souci extérieur au live.
Qu’ils en soient donc remerciés et la « Lune » tout autant…
Photos William Dumont.