Mises en place par le Crous Picardie et le Service des Affaires Culturelles de l’UPJV, avec bien entendu le concours de notre « Lune » locale, les soirées I love my Campus sont, outre le fait qu’elles soient à un prix modique voire gratuites pour les détenteurs de la carte Lune, l’occasion de se « frotter » à des découvertes tout en ayant le plaisir d’entendre des « futures pointures » régionales.
Dès lors, nul étonnement à retrouver la salle comble pour le Talisco de Jérôme Amandi, qu’on ne présente déjà plus et qui avait comme éclaireur le USS de Chauny et d’Amiens, trio pop-rock déjà étonnamment performant en dépit de son jeune âge. Poussé par un parterre de fans enthousiastes, USS fit en effet valoir un excellent registre au sein duquel même le chant en Français franchit la barre (le chanteur-guitariste, Philippe, s’emploie à faire sonner notre langue comme de l’Anglais, voilà peut-être là le « secret »), et qui mêle pop raffinée, assauts pop-rock enflammés et élans grungy avec bonheur. Artur rainbow est le symbole de ce savoir-faire: léger et bourru, voilà l’un des titres forts de la clique, auxquels se joignent Mon no bad, porté par une vigueur salutaire et de bons gros riffs, et pléthore d’autres essais concluants dont L’hésitation décisive, nouvellement créé, et Appaloosa. Le percutant et grungisant Leitmotiv s’invite à la fête et on remarque que chez USS, le panel est large et pertinent, autour d’un format pop de départ.
En outre, le public suit, les fans prennent un plaisir grandissant, crient leur félicité et le groupe récoltera même les éloges sincères de Talisco, nullement usurpées. Gros bon point donc pour ce trio qu’il faudra suivre à la trace, avant la prestation elle aussi marquante des bordelais d’origine.
Il faut dire que ce soir, Talisco joue rock, sonique, servi par l’impeccable soin des lieux. Une dynamique exaltante, un amas de titres forts joués avec âme et à l’unisson (les chants ou choeurs associés sont enchanteurs, j’en veux pour preuve l’imparable The keys), un impact à la Hey Hey My My ou encore Tahiti 80, combos aguerris de la mouvance pop-rock teintée de folk, créditent ce soir ce Talisco qui visiblement a franchi un pallier supplémentaire. L’intensité du set, son oscillement entre sensibilité et force de frappe en font un must, ni plus ni moins et bien entendu, les morceaux-phare du groupe, parmi lesquels ce Your wish qui fait toujours son effet, portent le trio vers les sommets et ce en toute modestie. La ferveur d’Everyone, ses sifflements, l’allant de Talisco font la différence, incitent les sympathiques équipes du R4 (où le groupe a joué cet été) et du Chahut Vert, croisées à l’entrée, à manifester une joie débordante, à l’instar d’ailleurs d’une assistance aux anges.
Difficile donc de ne pas succomber, malgré le fait que la Lune soie pour le coup assez largement garnie de spectateurs un peu trop systématiquement conquis, attirés par le « buzz » et que malheureusement, on risque fort de ne pas revoir. Ils confondent même billetterie et porte d’entrée, c’est dire…et certains sont persuadés qu’à 20h30, les riffs résonnent déjà.
Peu importe, Talisco rafle la mise, sème non pas le trouble (quoique, chez les jeunes adultes de la gent féminine…) mais une dose non négligeable de bonheur auditif, et anime avec brio une belle soirée, dans l’attente d’autres concerts « du cru » au moins aussi accomplis.
Photos William Dumont.