Passés maîtres dans l’exercice d’un punk-rock/hardcore mélodique large, qui lorgne autant vers la pop qu’il fricote avec le reggae, les Burning Heads faisaient escale à Beauvais, Ouvre-Boite de rigueur évidemment. La salle isarienne conviant également, pour déblayer le terrain, deux locaux/régionaux (Tomtom & les Tronçonneuses et Lisaapeur) ainsi que les bien connus et très prisés Guerilla Poubelle, de Paris.
Tomtom ouvrant donc le bal dans une formule solo, guitare-voix, sympathique bien qu’elle trouve vite ses limites, sincère mais un peu « dénudée ». Un bon moment tout de même, entre morceaux posés et autres travaux plus rageurs. Le tout assorti de blagues en phase avec un humour « punk » pas toujours finaud, loin s’en faut.
Peu importe, la soirée était lancée et l’efficacité de ces Lisaapeur amienois au registre fiable bien qu’un peu linéaire (le genre « veut » ça, on leur passera donc, comme à bon nombre d’autres, cette légère redondance) allait mettre une belle intensité dans la salle, garnie d’une grosse centaine de personnes. La « faute » à un tarif élevé, peut-être, toujours est-il que « vétérans » fans des Burning y cohabitaient avec une jeunesse surtout venue, elle, pour Guerilla Poubelle. Lesquels, passé la bonne prestation de Lisaapeur, jouèrent eux aussi vite et fort, en trio compact, amenant leurs aficionados à reprendre les paroles de certaines de leurs chansons. Le tout avec impact, sans singularité aucune toutefois, suivant un discours que là encore, la mouvance musicale concernée rend un peu uniforme et, avec les années, un peu stérile. La musique n’en reste pas moins bonne, directe mais jamais bêtement frontale, émaillée de titres forts joués par une clique sûre de sa portée. Et qui joue avec conviction et intensité, sans fard aucun, dans un esprit DIY qui honore et caractérise, d’ailleurs, toutes les formations du soir. Bon point à elles pour ça.
Le DIY durable et porteur, les « Burning » allaient eux le mettre en oeuvre avec la maestria qu’on leur connait et en instaurant une palette plus large, plus aérée bien que souvent « au taquet ». Forts d’une discographie plus que fournie, dans laquelle ils piochent avec allégresse, les orléanais ont de plus le bon goût de faire respirer leur set, le temps de supers titres tels A whole life ou le terminal Swindle. Le reste d’une temps, c’est une déferlante hardcore-punk mélodique mais effrénée qui est servie, à la fois à l’arrache et maîtrisée par un groupe dont il serait déplacé de contester les dispositions, conséquentes. On se réjouit de leur force de frappe, de la pluie de standards servis, on ergote sur l’absence du court mais génial solo de guitare de Reaction, excellent essai parmi d’autres comme l’est par exemple No reply. On vacille délicieusement sous les coups de boutoir frontaux inclus dans la set-list, on y trouve forcément son compte et son bonheur, le gig de Pit Samprass et consorts ne laissant par ailleurs que peu de temps pour les palabres et s’avérant être d’une réelle efficience. A l’issue donc d’une soirée qui aurait mérité une fréquentation plus importante, idéale pour les férus de punk-rock.
Photos William Dumont.