Expérimenté, doté d’une authenticité et d’une profondeur dans le ressenti qui élèvent constamment ses projets, Renaud Brustlein AKA H-Burns réussit dans son entreprise quelle que soit la formule mise à contribution, groupale ou plus strictement solo.
Night moves, son nouvel opus sortant aujourd’hui même, confirme à la fois le constat et le pouvoir d’évocation du contenu, tant dans ses instants sensitifs, dénudés (In the wee hours et sa pureté stupéfiante) que sur sur ses embardées pop-folk alertes, Nowhere to be qui inaugure l’album en faisant brillamment partie. Mélancolique mais entraînante, la grosse dizaine de morceaux forme un tout imprenable, orné avec soin et économie (j’entends par là absence de « trop plein »). Radar s’ajoute à la longue liste des essais concluants, taillés dans cette pop soignée et vivante. Silent wars fait de même et on se réjouit fortement de l’allant élégant que le gars de Romans imprime. Des choeurs merveilleux sertissent son propos, l’éponyme Night moves se dispense de toute parure excessive, se met à nu et se fait lo-fi; c’est magnifique, sans fard, sans faux semblant à l’image du bonhomme. Big surprise suit la voie folk à l’exception de toute autre influence, la même vérité dans le propos y transparaît et le thème qui inspire ici H-Burns -les nuits de Los Angeles- transcende de toute évidence son travail.
Wolves instaure ce désenchantement porteur d’espoir, animé. Et si ce qui suit marque une rupture dans le tempo, un tantinet assagi, la qualité l’emporte systématiquement. Ainsi, Radio buzzing et son rythme de fond effacé mais insistant, un Signals doux et mid-tempo puis Too much hope, dépouillé, appuient un effort personnel et hautement méritoire, signé d’un musicien qui jamais ne triche. Et se sert admirablement de sa « grisaille » pour, à l’issue de son Holding back final de toute beauté, offrir un disque enchanteur, rassérénant en dépit de ses constituants gentiment et joliment désabusés.