Mulhousien, Thomas Schoeffler Jr fait dans le country-blues dopé au rock, self-made et dont se dégagent une sincérité, et une authenticité, qui rendent ses essais attachants au possible, aidés en cela par une valeur indéniable.
Jesus shot me down, apparemment son second disque, le présente en one-man band acéré, virevoltant, qui alterne avec brio joliesse country animée (Spit and sawdust), plages country-blues tout aussi vives et superbement jouées (Jesus shot me down en amorce), agrémentées de parties d’harmonica qui se frottent à une instrumentation rude, sans polissage dommageable. L’album est un régal, pas l’temps de bailler aux corneilles, loin de là. La voix est racée, sensible ou plus rugueuse, complètement en phase avec le registre. Cash et Dylan ne sont pas loin, mais l’Alsacien exploite son propre champ, balourde un blues-rock enflammé (At the mill) aux guitares sévères. S’il retombe après dans une coloration apaisée, strictement country (Atomic number 79), il le fait avec tellement d’à propos, de beauté sonore et de vérité qu’on ne peut qu’approuver.
My rope trace et exhale une ferveur, une ardeur, confondantes, dans une veine country-blues trépidante, le jeu est à la fois fin et abrupt, rapide (Mark my words) et on se situe là à mille lieues de l’ennui parfois lié aux genres mis en avant. Sur Sick and die, on a même la sensation que le gusse est à nos cotés; on perçoit le frottement des cordes, le dépaysement guette. L’opus permet l’évasion, possède de nombreuses vertus et ne triche jamais. Il se dénude (I did run et plus encore Lonesome whistle), assure un maximum avec une économie de moyens qui l’honore. C’est une trouvaille de choix, assurément; pour confirmer, si besoin était, le blues écorché d’I dug a hole, brut et électrique, au beaux encarts acoustiques, puis un Home tranquille mais intense, apportent la touche finale à ce Jesus shot me down sans défauts et sans fausseté, qualitatif de bout en bout.