Catalans, les Mourn sont de très jeunes adultes (sur quatre membres, trois ont dix-huit ans, l’autre seulement quinze) qui se rendent déjà auteurs de bombinettes courtes et efficaces, dont aucune n’atteint les trois minutes, sur ce premier disque éponyme.
Your brain is made of candy inaugure les festivités, la voix est rageusement juvénile, l’emballage noisy, punk-rock (entre les Ramones et les Pixies, dit la bio et c’est assez juste). Le tempo n’est pas toujours galopant (Dark issues freine et n’y perd en rien en impact, valorisé par de bien belles mélopées torturées). Philliphius se fait lui aussi retenu, on est vite bluffé par le brio de ces jeunots ibériques. Patti Smith, Sebadoh, Sleater-Kinney, PJ Harvey figurent à la liste des « sources » et Mourn s’offre le luxe de, presque, les égaler en qualité. Misery factory riffe dur, instaure aussi de beaux plans mélodiques et tout tient debout, l’intégralité des titres est tubesque et imparable.
Depuis Mutha’s Day Out, on avait rarement débusqué tels phénomènes, de surcroît bien positionnés entre rock noisy et velléités poppy (Otitis, très Pixies ère Bossanova), élans plus directement punk-rock (You don’t know me), et plages saccadées (Marshall, énième réussite aux chants braillés en guise de choeurs). Aucun morceau n’est à extraire d’un ensemble compact, qu’une voix féminine de caractère étoffe (Squirrel, par exemple, qui breake comme il se doit sous le joug de la basse avant de riffer derechef). L’immédiateté des chansons est décisive, on prend des coups de trique noisy dont on raffole (Jack), enjolivés par des guitares de style. Silver gold suit un canevas leste et noise, et le bonus track Boys are cunts, son chant dédaigneux et sa fin dingue, se hisse aisément au même niveau que le reste, venant parachever un premier long jet de nature à tarabuster les plus aguerris et qu’on se repassera sans relâche dans nos mange-disques.