Proposé à prix modique (six euros, jugez donc…) dans son édition standard, The Veil, nouvel album des Suédois de Simian Ghost, n’en offre pas moins une pop de charme, aux attraits mélodiques scintillants et qui, à d’autres endroits, font par exemple dans la noisy-pop à la The Pains of Being Pure At Heart (un étincelant I will speak until I’m done, ou ce Cut-off point, tout aussi brillant et rêveur, en seconde position).
Le trio d’origine s’est étoffé pour le coup de deux membres, dont la chanteuse Maja Agnevik, et le résultat s’en ressent positivement. Float ouvre la marche posément mais avec style et passé le Cut-off point cité plus haut, Never really know fait dans la pop synthético-électrique avec un panache mélodique affirmé. La relative douceur de ce titre, et d’une moitié de l’opus, ne dérange pas, ou peu, tant les essais sont accomplis, à l’image de Scattered and careless qui fait lui dans le vif-cotonneux orné par de jolis choeurs.
Difficile de ne pas s’éprendre, donc, de the Veil qui convainc même dans ses instants les plus paisibles (Fight even, Endless chords et August sun), qu’on écoutera cependant peut-être moins fréquemment que les travaux plus vivaces, moins posés, comme la superbe pop de A million shining colors, élégante et piquante à la fois. L’intitulé dudit morceau décrit d’ailleurs bien le rendu général; The Veil est un album coloré, qui brille de mille feux et exhale une pop -c’est le maître mot chez la bande scandinave- de première classe. Fine et songeuse mais sans ennuyer car animée (Echoes of songs (for Trish Keenan)), celle-ci se décline selon un éventail large mais qui respecte le format pop, mid-tempo sur The ocean is a whisper, plus griffu et limite shoegaze avec Summer triptych.
L’aplomb entre les tendances, entre le ouaté et le plus alerte, est trouvé, on aimerait cependant que le groupe accentue la seconde option, finalement légèrement dominée ici par la première. Mais cela n’empêche guère une qualité d’ensemble bluffante, conclue par The Veil de façon calme. C’est d’ailleurs là le seul reproche qu’on fera à l’oeuvre en présence: ses atours trop souvent tranquilles bien qu’acceptables.