La précédente sortie, joli vinyle au style certain, m’avait laissé -de mémoire- un souvenir mitigé, après une première bonne impression. Mais connaissant l’activité des membres de Paris (Nicolas Ker de Poni Hoax, Arnaud Roulin issu du même groupe, Maxime Delpierre débarqué de chez Limousine ou Viva & the Diva et Mike Theis (Diplomatic Shit ou encore Yuk Fu)), le pedigree de chacun, il va sans dire que tout espoir n’était pas éteint.
C’est ce que confirme ce There is a storm bien nommé, où la tempête annoncée se produit en intégrant rock, disco, electro et bien entendu le chant classieux du sieur Ker. S’il débute de façon posée, presque grandiloquente mais avec un attrait certain (The silk screen, ses motifs bienvenus, le chant de Ker, forcément apprécié, ici sensible), l’album se veut ensuite plus ardent, plus rock dans l’esprit avec, toujours, ce groove synthétique qui caractérisait Poni Hoax. What is my name instaure des guitares bourrues, un habillage façonné par les claviers, très ajusté, et la recette fonctionne imparablement. Il y a aussi des penchants à la rêverie dans ce disque qui fait son effet et My baby drove away riffe quasi funky mais avec allant en instaurant des sonorités…french-touch que la fougue des bonshommes porte efficacement. On est évidemment heureux de renouer avec une énergie omniprésente ou presque, avec une mixture dansante et aiguisée. L’élégance vocale, la palette parcourue (on peut passer du velouté au plus belliqueux sans soucis), la versatilité cohérente d’un Up from a distance font la différence, six-cordes et machines se livrent un duel entièrement complémentaire.
Au mitan du disque, The cross over réinstalle un climat lancinant, vaporeux, plus spatial, qui passe comme une lettre à la poste. Aucun écart n’est à déplorer, aucune prise à l’ennui non plus, The march of the wooden soldiers propose une electro-rock obscure et animée, du plus bel effet, au refrain qu’on braillerait bien à tue-tête. Force est de reconnaître la dextérité de Paris, qui avec Come back Johnny maintient une cadence -et un niveau- élevés en pratiquant une electro-pop/rock à nouveau de belle facture.
Enfin et si peut légitimement craindre l’essoufflement de fin d’album, Serve me lord baisse la garde en conservant de l’impact, livre une pop-rock aux guitares fines/nerveuses qui se hisse à un niveau plus que respectable. Les synthés assurent un enrobage pertinent, rien à redire, le constat prévaut à nouveau, sur cet antépénultième morceau. Wearing the mask peut alors conclure de façon céleste et presque orchestrale, avant de magistralement changer de ton et se faire bien plus grinçant et offensif; Paris vient de trousser neuf titres irréprochables, dont ce dernier qui avoisine les dix minutes. On évoquait, au sujet du projet, Suicide ou le Gun Club sous influence disco; il y a de ça, à la différence près que c’est Paris qui définit là son propre « jardin », qu’on visitera fréquemment et avec un plaisir renouvelé.