On ne présente plus, ou plutôt si, on le présente puisque son pedigree l’impose, Amaury Cambuzat. Premièrement, le « gusse » a collaboré avec Michael Gira (Swans), Robin Guthrie (Cocteau Twins), James Johnston de Gallon Drunk ou encore Faust, Pascal Comelade et j’en passe. Non rassasié, il a, aussi, créé son label, Acid Cobra, aux sorties nombreuses et jamais restreintes par la norme.
C’est dire l’esprit ouvert et défricheur du bonhomme, qui cette fois prolonge sa carrière strictement solo, parallèlement à ses oeuvres avec, par exemple, Chaos Physique, en revisitant dix morceaux d’Ulan Bator, son groupe de toujours, dans des versions folk dénudées.
Du coup, les textes ressortent, les apparats musicaux sont fins et gentiment obscurs et il y a là une cohérence affirmée, de la vie quand bien même les essais folk de cet increvable créateur décollent assez peu. Mais quand cela se produit (Lumière blanche, ou La joueuse de tambour qui ouvre la marche, avec leurs sautes d’humeurs retenues mais marquées), l’acoustique donne un relief inédit au verbe d’un groupe qui trouve là une seconde vie, en opposition à son registre habituellement bien plus noise. L’attaque est fine et rude (Mister perfect), la plume adroite, la folk du bonhomme étincèle (Pensées massacre), Hiver…nous réchauffe par son jeu chaleureux et une grande sensibilité transparaît. Un « book » confectionné par Amaury lui-même accompagne l’album et un dessin chaque texte, dont celui, subtil et évocateur, de Terrorisme érotique, suivi par Embarquement qui s’enhardit vocalement et instrumentalement de façon bridée mais appréciable. Along the borderline instaure l’Anglais et une partie d’harmonica finaude, en parfait complètement des trames jouées par l’auteur.
C’est beau, l’effort évite de s’en tenir à des atours folk exclusifs, Soeur violence « riffe acoustiquement » et propose une fin orageuse, déviante, du plus bel effet. On les aimerait plus fréquents, ces écarts affolés, mais le contenu vaut largement l’écoute et le travail de relecture est magnifique. Torture le terminant dans l’apaisement total, selon une dualité voix-guitare bien exécutée, à l’issue donc de dix titres estimables comme l’est ce Plays Ulan Bator « unplugged » dans la lignée des dérives discographiques fréquemment instaurées par Amaury Cambuzat.