Instrumental et jamais ennuyeux, post-rock et novateur, métal de par sa provenance et bien éloigné du genre à l’arrivée, voilà qui résume fidèlement Toucan, combo formé par des membres de groupes métal et hardcore toulousains (Selenites, Drawers, Montreal on Fire).
En effet, on évolue ici dans une sphère encore peu exploitée, basée sur une succession de plans « instrus » à dominante synthétique, magnifique, qui passent d’un essai de début serein mais « pulsant » (Autopista et ses touches sonores géniales, son rythme proche du kraut et sa, ou plutôt ses ambiances uniques) à un autre plus leste et plus « métallique » dans le son, mais en combinant la tendance avec des sonorités cosmiques (Neo soul). Et ce avec le plus grand bonheur, pour un début d’album qui surprend et incite à se plonger dans le monde de Toucan et ce…De nuit bien sûr.
Il n’empêche, l’ouvrage est recommandé à tout moment, pas seulement dans le nuptial, et offre ensuite une Cascade de lumière qui n’aveugle pas, s’en tient à une douceur vive, à des sonorités synthétiques assez magiques, dont ou oublie vite qu’elles sont synthétiques, d’autant plus vite d’ailleurs qu’en l’occurrence, elles se frottent à des éléments organiques, basse-guitare-batterie en tête, ainsi qu’à un saxo voluptueux.
Voilà pour la première face, dans l’attente d’une seconde qui présente sans tarder un titre fin et alerte (Toundra express), parfait ajustement organico-synthétique qui sait à l’instar des autres réalisations se montrer dense, intense, sans perdre de sa patine. 99 parsecs, dans la foulée, enivre de ses claviers en nappes spatiales de pair avec des encarts plus incisifs, Toucan créant là un style aux limites de l’inconnu. On salue évidemment l’initiative, puis on se laisse bercer par le terminal et bien nommé Traum, qui caresse et fait décoller avant de lui-même décoller et s’emballer sous la poussée de machines décidément bien investies, mariées à des instruments « normaux » qui brillent ici par leur discrétion, ce qui n’en souligne que plus encore l’importance. Le sax feutré de Mael Pretet apportant lui aussi, de manière occasionnelle mais bien affirmée, sa touche à un De nuit original, personnel et qui en plus de sa qualité musicale, donne du crédit aux groupes issus d’autres formations.