Groupe basé à Leipzig, mais dont les membres viennent de différent pays (Italie, Allemagne et Etats-Unis), Warm Graves s’inspire de la littérature de science-fiction. Sur ce premier album, de toute évidence, le procédé lui permet de complètement se décaler et de brosser letableau, superbe, d’une dream-pop teintée de post-rock aussi fiévreuse que contemplative.
Ravachol, formidable essai introductif, impose de suite sa magie et l’univers saisissant des musiciens, nous plongeant dans un territoire sonore rêveur et animé (le tempo est ici quasiment kraut), que des chants à l’unisson plutôt spatiaux ornent avec superbe, de même qu’un fond noisy mais retenu. Enchanteresse, la songerie de Warm Graves s’étend sur Penumbra, dans un premier temps complètement cotonneux, juste traversé par ces chants doux et pourtant intenses, avant de voir la cadence prendre de l’ampleur et l’arrière-plan se faire plus sonique, mais en demeurant chatoyant. C’est beau, c’est très prenant et Cold women, cold, justement, et alerte, vient étayer un travail déjà consistant. On pense à Sigur Ros, à Neu! voire aux Flaming Lips et à l’arrivée, c’est Warm Graves qu’on se prend avec délectation dans les mirettes. On en prend d’ailleurs autant dans la vue que dans les écoutilles, tant les morceaux de Ships will come peignent des vignettes sonores poussant à la rêverie et à l’introspection.
Le titre éponyme assure une transition, en plein milieu du disque, soutenue et encore brumeuse, les chants font merveille. C’est, délibérément, de nouvelles contrées que le groupe explore, se situant même à la frontière de la cold-wave, à laquelle il donne un certain éclat, une forme d’euphorie désabusée, le temps de Best ezra.
Restent alors, au programme, deux morceaux longs, à commencer par Headlines qui déploie des atours cosmiques dans la retenue, sur une durée toutefois un peu excessive, avant d’offrir une fin noisy, orageuse, façon My Bloody Valentine. Il trouve alors son parfait prolongement dans Rouleaux, lui aussi haut perché, qui pénètre l’esprit par le biais de ses ambiances répétées et presque nues, dénuées de toute surcharge. C’est un peu longuet, certes, mais on fait là une belle découverte, au pouvoir d’attraction affirmé, émanant d’une formation qui s’essaye avec bonheur à la création d’une identité propre.