Non-content de nous…contenter avec son Who cares encore récent, puis un split 12″ avec Mistress Bomb H, voilà que Geoffrey Laporte AKA Jessica 93 nous gratifie d’une sortie cold-shoegaze des plus accrocheuses, qui porte même la noirceur des Sisters of Mercy, dans les guitares, sur Asylum. Avant cela, un pavé appelé Now aura planté un rythme hypnotique greffé à ces sons « maison » assénés à l’envi. La démarche, « maison » elle aussi, permet à ce one man band talentueux un rendu que même son chant consolide, à l’unisson d’une teinture cold qui déteint sur les sept titres joués.
On oscille sur Rise entre le serein, d’apparence, et le torturé (Karmic debt), entre 80’s et 90’s pour les penchants musicaux dévoilés, parfaitement réingurgités. White noise touche même à la noisy-noise, l’indus jalonne aussi, dans la délicieuse répétition des riffs et motifs, l’ouvrage. On pense, à nouveau, à The Cure et Kill the Thrill mais c’est Jessica 93 qui tisse sa propre toile, obscure mais non sinueuse, qui sans présenter trop de méandres exige un effort d’adaptation. Il y a dans les ténèbres de l’opus un groove vicieux (Surmatants), et l’habileté du bonhomme dans la construction de climats uniques et successifs l’amène à rafler la mise.
Aucunement démonstratif, bien au contraire, entier et sincère, le parisien signe l’une des sorties les plus fiables de cette fin 2014, rend la redite addictive et atteint des trésors de profondeur le temps d’Inertia, dont les huit minutes ne déparent en aucun cas dans une copie parfaite. Doué d’une belle envolée instrumentale, dissonante mais aussi mélodique à l’image d’un chant sensible, le morceau fait dans le minimal intense, porte son auteur vers les sommets d’un genre inédit ou presque. Uranus peut ensuite fermer la marche sur un rythme plus appuyé, dans un crachin noisy/cold au niveau des plus grands, l’essentiel est là, l’effort fascinant et sans pareil, doté qui plus est d’un effet psychédélique certain en filigrane. Who cares, interrogeait donc l’essai précédent: beaucoup de monde certainement, répondra-t-on, à l’écoute de ce Rise de haute volée.