Issu de Guadalajara (Mexoqie) et mené par la déjantée Teri Gender Bender, Le Butcherettes ne suscitera pas que de bons souvenirs sportifs par le biais de sa provenance.
En effet, Cry is for the flies, son second effort, décharge dix morceaux parfois (trop peu?) furibards et Omar Rodriguez-Lopez, ex Mars Volta, y tient la basse mais, surtout, en peaufine le son. Sans tarder, ça gicle (Burn the scab, ses claviers froids et son chant insolent, qui reste tout de même dans une belle retenue, puis Demon stuck in your eye, un tantinet plus direct, aux « hou-hou » enivrants), les Mexicaines ouvrent le spectre musical, ne le réduisent pas à du frontal systématique.
En effet, My child allie chant sensuel et déjante aérienne, Your weakness gives me life déployant des atours saccadés, bruts certes mais drapés de ce côté lancinant, bridé, qui sied au groupe. Vocalement, on pense ici à PJ Harvey mais c’est bien sûr un éventail large que la frontwomen assure, succédant même à Henry Rollins sur un Moment of guilt plutôt percutant, aux riffs qui secouent. On aimera ses positionnements entre rudesse et douceur perverse (Boulders love other layers of rock, ses motifs de claviers entêtants), on ne fera pas de l’intervention sucrée de Shirley Manson (Shame, you’re all I’ve got) un must absolu, cette dernière valant surtout par une teinte poppy prononcée mais prudente sans toutefois surprendre ou captiver.
Plus loin, Normal, you were réinstaure ce qui convient peut-être le mieux aux protégées d’Ipecac: un cheminement épais, insidieux, sonique, puis Poet from nowehere enverra lui une pop « claviétisée » avec brio qui fait son effet, vivace et d’un dépouillement efficient. Et pour conclure, on renouera avec un tempo lent sur Crying out to the flies, psyché et un peu linéaire. Avec, au bout du compte, de réels bons moments vécus mais une impression tenace de remplissage, d’inachevé et la sensation que deux ou trois morceaux moins mesurés auraient donné de l’ampleur à un album malgré tout bon.