C’est français, ça bastonne et ça résonne. Blouse blues, rock rauque, voix féminine enragée et non ménagée, la vêture est de choix et les Twin Arrows, quintet parisien sauvage et encore « vert », balourdent sans crier gare un second album (le premier, éponyme, date de 2012) dynamite (le bien nommé Chevrotine, qui seringue et évoque des White Stripes option wild, entre autres morceaux percutants).
Hell and back, l’objet en question, plombe ses riffs dès l’introductif Half face crook, met des pains au blues et malaxe un rock burné, explosif. On comprend vite que l’énergie, l’inspiration et le haut degré de composition sont de mise, le tout dans une spontanéité (Fountain of luck) qui ne néglige pas la délicatesse. Laquelle, ici, nuance le sonique pour mieux le valoriser.
A écouter d’un bloc, les douze titres recourent ici à un orgue (Merry doll) qui tempère la furie tout en groovant à souhait, se font lourds…sans être lourds (un plus que réussi Wasted), finissant par mettre en exergue un groupe hexagonal méritoire.On en apprécie la féminité caractérielle, la musicalité sans pantalon baissé, les instants de fureur récurrents (Wasted, encore, et la plupart des compos) aussi libérée que maîtrisée.
Blues, rock, garage, Hell and back prend les trois genres à bras le corps, les fait siens et livre un hybride avantageux (Freak wave), dans un bel ensemble. Il se calme sans atténuer sa tension sous-jacente, le temps de Hunter’s party, marie à merveille orgue et guitares avec Hook Jack sins, parvient à ne jamais baisser la garde. Belle prouesse sachant la difficulté actuelle à trouver des sorties sans remplissage, pour laquelle Twin Arrows mériterait un trophée (Trophy), qu’il se décerne avec une sensualité encanaillée. Il peut ensuite rallumer la mèche d’un blues-rock nerveux avec Dead girl, puis envoyer un riff killer conclusif nappé de salves d’orgue (Hell and back): tout est dit et on tient là une découverte précieuse, biberonnée à la scène et d’un potentiel que ne niera pas, loin s’en faut…