A l’image du compositeur français auquel son nom fait allusion, l’Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp défriche, dessine les contours d’une musique personnelle qu’on pourrait situer très approximativement entre Deus et The Ex, la présence de John Parish aux manettes affirmant les penchants déviants du groupe.
A l’aide d’un large éventail instrumental (whistle, violon, marimba, trombone sont entre autres de la partie), Rotorotor, l’album, sert un rock dépaysant, world par instants, africanisant aussi (Slide, superbe ouverture), que le chant de de Liz Moscarola vient magnifier. Les cuivres, les motifs sonores dudit morceau captivent puis les guitares rudes de Close and different prennent le relais avec brio, sur un tempo vif et saccadé. Ca prend à merveille, c’est beau et cuivré avec à propos, on tombe vite sous l’emprise de ces Suisses inventifs et l’euphorisant The sheep that said moo enfonce le clou d’un opus charmeur dans ses chemins de traverse. On fait dans la rudesse légère, virevoltante, le plaisir est total et le voyage garanti sans toutefois égarer en route l’amateur de cet univers chatoyant et imaginatif. Mordant rock, groove mondial, trouvailles sonores décisives (These books weren’t made for burning) permettent un rendu imparable, singulier. Quelques coups de boutoir de ce rock très free (Cranes fly et plus encore Tralala et ses riffs sévères, son tempo asséné), couplés à une certaine douceur dans la voix, ajoutent à l’impact d’un disque qui se situera surement, à l’heure des bilans 2014, en bonne et due place. Excentrique, valorisé par cette ouverture d’esprit et cette liberté de ton salutaires, Rotorotor n’a pas son égal.
Le second volet de l’album est d’ailleurs un festival, prolongé par l’excellentissime Apo, où cuivres (on pense ici à Cake), chant narratif et grattes fines ou rudes, élans « du monde » font merveille et dans sa foulée un apaisé, en apparence, It looked shorter on the map fait sensation. Dansant , le territoire musical du sextet de Genève prend des chemins tribaux, dégage une énergie de tous les instants, débridée ou jugulée, noisy sur ce même morceau. Sur la fin (dix titres et autant de perles constituent Rotorotor), une sorte de jazz déviant caractérise Come on in, qui oscille entre montées fiévreuses et accalmies trompeuses. Splendide, le morceau honore autant que les autres essais un ouvrage achevé par Homs, mid-tempo doux-amer du plus bel effet, conclusion enchanteresse à un opus qu’on jouera à de nombreuses reprises. Et qui en plus de ses énormes qualités, suscite l’envie de (re)découvrir la discographie de ce groupe incontournable, qui fait d’ailleurs un clin d’oeil significatif aux Dog Faced Hermans, défricheurs Ecossais ayant existé dans les 80’s/90’s et ayant compté Andy Moor, de The Ex, et même Wilf Plum qui officie..chez OTPMD, dans leurs rangs.