Trio instrumental basé à Lyon et Bourg en Bresse, L’Effondras pratique un rock à la formule peu habituelle (deux guitares, une batterie) destiné selon ses termes à lutter contre le néant bressan. En résultent de longues plages fracassantes (Caput corvi part I), ou plus mesurées mais tout de même griffues (Amrha), qui après avoir poussé à un effort de « digestion » posent efficacement leur patte, lourde et malgré cela racée.
Le disque, éponyme, est le premier long jet du groupe et parvient à séduire en dépit de ses longueurs, pertinentes, grâce aussi à ses ambiances finement construites (La fille aux yeux oranges), qui se répètent jusqu’à monter en puissance ou affirmer leur pouvoir d’accroche. On avoisine souvent les dix minutes, on les dépasse, aussi, à plusieurs reprises et, miracle, on n’y perd pas en intérêt. Ainsi, L’âne rouge et ses treize minutes passées plante un décor brut/élégant, caractériel et d’une grande beauté au milieu de ses déflagrations ajustées, et le Part. II de Caput corvi assène ses riffs, massifs, et sa cadence non moins leste avec efficience. Vicieux, torturé, le rock de l’Effondras abat les barrières, hurle avec panache, rappelle dans ses instants indus le meilleur de Kill the Thrill.
C’est dire la fiabilité du tout, où bruit et plages à la limite du silence font bon ménage (ce même Caput corvi part. II), et qui parcourt un spectre large, du post-rock au blues vénéneux donc, en passant par la noise et l’indus. Et se permet, après L’aure des comètes sensé conclure l’affaire et qui brille par sa subtilité, un morceau caché qui groove dans ses excès, se fait souple dans sa lourdeur prenante et ajoute par là même un cachet supplémentaire à l’oeuvre en présence, sans faiblesse et parfaitement équilibrée dans ses tendances.