Voix de Magik Markers, combo américain noisy/no wave, Elisa Ambrogio s’illustre aussi en solo sur ce premier album intitulé The immoralist, parfait et joli reflet de sa propension à marier le beau, l’inquiétant et le noisy. Dix titres suffisent à plonger l’auditeur dans un univers profond, « dreamy » (Superstitious en ouverture), à d’autres endroits basé de façon quasi-unique sur la voix de son auteure (Reservoir, valorisé cependant, aussi, par un bel ornement, sans « poids en trop »), et qui, on sera bien loin de lui en tenir rigueur, sait se faire orageux, colérique, avec autant voire plus de brio (Mary perfectly, ses voix envoûtantes, ses excès soniques aussi, et plus encore Clarinet queen).
Ainsi, l’éventail est large -assez restreint cependant pour préserver la cohérence de l’album-, Kylie mêle également l’avenant et des sons plus tordus, aux limites de l’angoissant, puis Far from home réinstaure un canevas en apparence serein, rêveur mais malgré cela intense et tourmenté, encore, par des vagues noisy doucereuses et, dans le même temps, grinçantes. On se réjouit aussi de la cadence vive d’un Stopped clocks cold-pop, entraînant et concluant, d’un Comers asséné, leste et pénétrant et au delà de ça, d’un cachet certain dans les ambiances liées à l’opus. Un réel savoir-faire distingue Elisa, sauvage et ouatée, Arkansas mettant un terme à l’aventure dans la prestance vocale, pour le coup sans débordements soniques mais en privilégiant un univers « cordé » qui, isolé, passe parfaitement bien.
Bel album donc, que ce bien nommé The immoralist, premier long jet abouti en marge d’une « épopée » avec Magik Markers elle aussi éloquente.