Instigateur de projets expérimentaux ambitieux (L’île électrique, La Superfolia Armaada, Pièces pour piano et ondes Martenot et j’en passe), collaborateur confirmé (Psykick Lyrikah, Laetitia Sheriff, Dominique A pour n’en citer que trois au sein d’une liste vertigineuse), Olivier Mellano se consacre ici à un projet véritablement solo (il y fait d’ailleurs tout, seuls Nicolas Courret et Régis Boulard l’épaulent à la batterie), Mellanoisescape.
En fan invétéré de Blonde Redhead, de pop et de noise, il en réalise l’amalgame parfait et rassemblant onze embardées sonico-mélodiques flamboyantes, sauvages mais parées de bien belles ritournelles. Les notes posées en intro de The best death sont trompeuses; elles précédent un ouragan chatoyant, rythmé mais sensible, à la manière d’ailleurs, partiellement, de Kazu et ses deux acolytes italiens. On tombe d’abord sous le charme de ce morceau aux guitares bourrues, à la cadence insistante, au chant chatoyant, puis d’un ensemble bien évidemment plus facile d’accès que les travaux habituels du bonhomme même si « pop » de façon déviante, loin de tout esprit mainstream réducteur. Puis on succombe, aussi, aux essais moins virevoltants (A few grams of TNT, sucrerie pop légèrement teintée de plans noisy) autant qu’à un fougueux et alerte Pop chords. Au milieu de l’orage sonore, la mélodie, fière, persistante, charpente elle aussi les plages offertes. Elle peut se faire plus sombre comme sur ledit morceau, sensitive ou enragée (We are the fuse, coup de semonce noisy des plus probants), le rendu est, de façon constante, élevé et addictogène.
Mellano impose le tumulte élégant, pose le jeu en milieu de parcours (So wide) sans toutefois se départir d’embardées sauvages initiées par sa guitare, pratique une pop vive et sombre autant que colorée, batailleuse (Sea of noise), à l’image d’ailleurs de la pochette du disque. Dans l’élan, il plombe des riffs alliées à un chant « hors-sentiers » sur Karaoke kid, sorte d’essais stoner/doom au ralenti, parfaitement réussi. Audacieux, il réussit dans toute entreprise, sert aussi à l’occasion une electro discrète qui orne et rythme sa pop pervertie (Phenomenon). Ses tempêtes sonores forment un ensemble aux climats divers et complémentaires, l’electro, adroitement saupoudrée, lui sert à nouveau d’écrin sur In fire’s shade, spatial mais de façon dérangée, puis c’est à nouveau une pop noisy insidieuse qui domine avec Fix time, saccadé, obsessionnel.
Il revient ensuite à Dead sparkling stars de fermer la marche, en mode poppy finaud mais orageux, retenu cependant, un peu à la manière des regrettés Nestorisbianca avec qui Olivier a d’ailleurs oeuvré en 2006 sur leur Out of the nest. Superbe et magistral, Mellanoisescape impose le nouveau projet de l’artiste comme un des disques « pop-rock », dirons-nous, parmi les plus significatifs de ces derniers temps.