Version electro, impulsée par Gregory Lodé et Mathieu Adamski, du projet The Barfly Drummers, Extra Pekoe and the Barfly Drummers livre avec Air balloons also rise un opus basé sur le « faire ensemble » et invitant notamment Mike Ladd, entre autres défricheurs au talent certain.
Complexe, doté de méandres fréquents, l’album demande plusieurs écoutes, laissera même « sur le carreau » l’auditeur le moins persévérant. A côté de ça, il dévoilera au fil des écoutes ses mille et une richesses, dont Cahin caha cannibal (feat. Mike Ladd) et son hip-hop hypnotique qui fait son effet, ou ses nombreuses envolées à la fois ténues et d’envergure (Bali star caravelle). Les créations des compositeurs se déploient lascivement, parfois avec une vigueur plus marquée, recourent à des entrelacs soniques et rythmiques qui chopent l’oreille (Big beast braconnage et ses chants dépaysants en sa fin). Dense, Air balloons also rise empile vingt-deux plages pour près de soixante minutes à l’arrivée, fait dans le loufoque cohérent, expérimente bien sûr, et réserve ça et là quelques plages bien groovy (Minute!), des flows incisifs (The milky ways…) assortis de cette étrangeté sonore pertinente.
Un peu plus loin, un Pacotilles plus que bon et d’obédience partiellement noise, sur son début, puis les secousses de Small cute muddy money, alliées à la diction de Ladd, créditent à leur tout l’ouvrage. La participation des quatre interprètes (Fanch Bourhis le maître es beatbox, Pedro Ivo Ferreira « contrebassiste do Brazil », Cédric Ben’Houz le batteur zapping-breaker et René Arnault, batteur lui aussi et multi-instrumentiste classique) est notoire, certains morceaux tel Poulaga poursuite et son groove vénéneux ou Donwtown dentelle qui le suit sont de très haut niveau. Tout le monde ne fournira pas l’effort d’assimilation -on n’en blâmera personne, l’objet étant réellement « à aller chercher »-, mais les aptitudes des Barfly Drummers sont là largement confirmées, ses chemins de traverse déroutants mais ajustés. Cosmique parfois (Railway…phosphor!), le disque est d’un attrait quasi-constant, excepté peut-être sur quelques pièces courtes dispensables. Le bien nommé Napalm Jacques le dote sur la fin d’une belle vigueur indus dans la répétition des motifs (plus d’essais de ce genre auraient aussi généré un bel apport supplémentaire), puis Fuochi di artificio bambino! met fin à l’aventure sonore sur un ton apaisé, assez céleste, venant ainsi clôturer un disque exigeant mais de belle facture.