Troupe bigarrée, « festive » mais ayant le mérite, énorme, de rendre ce festif largement acceptable, Les Touffes Kretiennes réunissent des musiciens issus des groupes suivants; Sleeppers, Hurlements d’Léo, Los Tres Puntos, Fumuj ou Mabreuch.
Le pedigree est donc bon et le mélange explosif, dansant à souhait et musicalement irréprochable, entre cuivres fous et élans funky dopés à l’énergie rock. Breakfast in cloud, dernière sortie en date, confirme et valide l’option, maîtrisée et bâtie à grand renfort de concerts/tournées dingues, et allume d’emblée le brasier cuivré avec Mint wild (feat. Turbobilly), excellente amorce, endiablée et pétaradante façon Mano Negra rockab’. La clinique du Dr Beat, chanté en Français sans que cela ne dérange plus que ça, balançant ensuite un groove funky à la FFF qui suscite le déhanchement immédiat. La clique sait faire, c’est une évidence, sa mixture, bouillonnante, fait sensation. French cologne oppose les chants, envoie de l’electro…cuivrée bien sûr, greffée à l’allant instrumental caractéristique du groupe. C’est assez imparable, on imagine aisément l’effet dévastateur de ce joyeux foutoir sur les planches…
Sugar et ses guitares funky, le chant féminin de Laurène, sa cadence alerte, en remet une large couche et si on renoue avec le chant en Français sur Laisse tomber, ce dernier dégage un cachet rétro auquel il est difficile de résister, en plus d’une thématique usée mais qui ici, retient l’attention. Laurène fait son retour sur Mauves ovaires, elle y enflamme vocalement une trame soul boostée au rock. Ca pulse, ça breake adroitement et en maintenant la pression. On est surpris d’un tel brio, d’autant que les provenances diverses des membres du groupe ne facilitent pas forcément l’unité. Elle est pourtant ici totale et Breakfast included calmera légèrement le jeu en faisant dans le crooner soul, ceci avant que Pussy riot n’envoie du motif obsédant en rafales. On reconnaîtra facilement la « cover », dopée pour le coup au cuivre et à l’electro, en même temps qu’on reconnaîtra aux Touffes de belles dispositions à reprendre.
On reprendra ensuite une pelletée de groove furieux avec War of sound, que des grattes énormes alliées à un orgue décisif porte vers les sommets. Terrible. On s’en remet d’ailleurs à peine que Pil’e (rien que le titre donne une idée du contenu, Lydon appréciera à coup sur!).
On en est alors à dix titres, tous de haut niveau, et voilà que Dos au bar, ses touches « d’antan » à l’instar de Laisse tomber, nous terrasse avec classe. Ne reste alors plus qu’à prolonger la danse avec Blue touffes (feat Syrano), fanfare folle évoquant à nouveau le combo de Manu Chao. A la différence près qu’ici, c’est un débit vocal hip-hop fusionnant qui est imposé, en clôture d’un opus parfaitement orchestré, à vrai dire assez incoercible.