Manipulateur de saxo et de synthés/boites à rythmes autant que féru d’indé dont il vient d’ailleurs, Etienne Jaumet collabore autant qu’il oeuvre solo et La Visite, tout comme Zombie Zombie, rend parfaitement compte, chant plus fréquent à l’appui cette fois, de ses penchants au « cosmisme » envoûtant.
Dès Metallik cages en effet, introduction céleste, à la voix presque off, le décor est planté et le titre aurait parfaitement trouvé sa place sur les compilations « A man & a machine« , initiées par Le Son du Maquis. On pense à Kraftwerk pour le côté robotique, réitéré, mais ce sont bien des effluves jazzy que l’éponyme La visite restitue ensuite, toujours dans ce minimalisme sonore décisif. Saxo feutré, chant évoluant un « trip » sous forme de visite…à l’intérieur de son propre corps, Etienne Jaumet dévie à l’envi. Il impose ainsi son monde musical, spatial, dérangé et imaginatif. The dirty part of the dust, serein, bien évidemment nuageux ou plutôt « entre les nuages », complète ensuite son oeuvre à grand renfort de climats légers/obscurs, presque aussi angoissants qu’ils peuvent se faire apaisants. Module mou fait de même mais frustre par l’impression d’inachevé qui en découle, sa répétitivité cette fois un peu stérile.
Le second volet présente Anatomy of a synthesizer, non moins perché mais doublé d’un groove presque funky, qui prolonge, dommage mais sans réel dommage, la série des morceaux exempts de chant. Puis c’est le plus vivace Stuck in the shadow of your love, doté d’un organe vocal murmuré, qui distingue l’ouvrage de ce créateur hors-normes, dont les nombreuses bonnes idées en termes de sons, d’ambiances, font ici mouche.
Enfin, ce sont deux titres longs qui mettent fin au voyage, à commencer par Moderne jungle et son jazz dépaysant, lancinant, qui pénètre l’auditeur et le transporte -on approuvera l’usage récurrent du saxophone, diablement bien investi par Jaumet-, avant le final tenant en un Midnight man qu’on aurait aimé voir s’envoler, sortir de ses motifs certes bien pensés, mais repris sur un temps à mon sens trop conséquent. Ce qui n’empêche guère ledit titre, doté d’une atmosphère singulière, d’attirer par son hypnotisme, à l’image d’un rendu du même accabit et de qualité, toutefois trop bridé en certains endroits.