Ex-Film Noir (ce groupe avait sorti il y a quelques années, sur Le Son du Maquis, un excellent opus), Oan Kim et Benoit Perraudeau ont tâté du jazz, de la photo ou encore de la composition classique…pour aujourd’hui sortir, sous l’appellation Chinese Army, un EP intitulé Five easy pieces, leur second si je ne m’abuse, à la veine bien plus rock (beat rock, peut-on lire chez Balades Sonores), à la fois lyrique et écorche façon Rev/Vega (Genghis Khan, ultime essai d’un disque qui en compte au total cinq et pas des moindres).
Guitare « crade », boite à rythmes minimale et orgue aux belles étoffes engendrent en effet un rendu prenant, en son début proche des Black Angels d’un point de vue vocal tout en conservant ce côté aride, dégrossi, à la Suicide (Roundelay). Alchimistes sonores, les gars ont d’ailleurs eu les honneurs de Rock & Folk, nullement usurpés à l’écoute de l’ep. Revolution voit le chant se faire plus sensuel en restant intense, l’orgue y déploie une trame lancinante griffée par les guitares; on est ici dans un univers aussi attachant que chez Film Noir, l’esthétisme se confronte avec bonheur à la noirceur, aux aspérités sonores bienvenues. Half baked se fait après cela retenu, susurré, creusant donc le penchant « atmosphérique » du duo qui définit donc une terre musicale insoumise et attrayante.
On est toutefois heureux de constater, avec Pink rain, le retour à une certaine urgence mâtinée d’orgue bavard, de sons entêtants: le morceau étaye l’ouvrage avec brio, à l’instar des autres et Chinese Army entame visiblement une « nouvelle carrière » des plus probantes, validée, également, par son premier EP répondant au nom de Runaways et sorti lui en 2013.