Groupe toulousain, Budapest a pour lui le climat trip-hop et la fièvre pop-rock, qui habillent subtilement ce premier album intitulé Alcaline. Red, par exemple, gratifie la seconde option tandis que l’ouverture, avec l’excellent The roaming souls, se place du côté d’un rock ombrageux. Les chants s’y répondent, puis Fall by the wayside instaure lui une pop flamboyante, mélodique mais, dans le même temps, griffue.
Emotion et force de frappe voisinent, Blind succède à ces deux morceaux dans une veine plus soul mais acidulée, mâtinée de trip-hop à la façon d’un Portishead sortant de sa torpeur. Soniquement, Budapest est assez inventif pour se distinguer, il fait aussi preuve de la finesse nécessaire (Distance) sans en faire un recours trop fréquent. Il développe des plans lancinants (Alive) qui mêlent justement atmosphères obscures, subtilité et sonorités qui transportent, un peu plus rock. On n’invente rien, mais on ne fait pas pour autant dans le convenu et l’ouvrage est bon, conçu avec ingéniosité. Connected, aux percus marquées, génère un trip-hop vénéneux qui assied la patte des sudistes. Alcaline ne faiblit pas, Invincible sert à nouveau un trip-hop rugueux, doté d’une rudesse rock appréciable sans y perdre de sa fragilité. L’amalgame est juste, White flag viendra conclure en mettant en exergue, comme de coutume dans l’album, des guitares nerveuses couplées à un esprit soul et trip-hop assumé, un peu à la manière de Tricky en moins enfumé toutefois.
On ne regrettera donc que le peu de moments complètement enflammés, qui auraient porté l’opus à un niveau plus élevé encore. Ce qui ne l’empêche guère de convaincre et d’amener à notre connaissance une formation douée, aux efforts à suivre désormais de près.