Accueillant (un décor impeccable, du matériel son et lumière fraîchement acquis), l’espace culturel Saint André accueillait en ce frais et dernier samedi de novembre la Nuit de la Saint André, dédiée au label 1 (créé cette année, soulignons-le, par le service culturel de la ville d’Abbeville) et aux groupes y étant hébergés et qui, de plus, enregistrent dans les lieux. Ceux-ci ont pour nom Didier Dècle, Diabolo Watts et Flying Strings, le premier des trois ouvrant donc devant un public fourni en mettant en exergue une chanson française aux rares élans pop-rock, ni déplorable ni indispensable, plutôt bien troussée même mais, comme souvent dans ce créneau, un tantinet ennuyeuse sur la longueur. Ce qui n’entravera guère le public dans son enthousiasme, les « fidèles » de chaque groupe, c’est une bonne chose, étant venus en masse.
L’intensité allait toutefois monter d’un cran avec Diabolo Watts, au rock « fantaisiste » pourtant sans réelles surprises si ce n’est ce « fun » largement éprouvé tant il fut, et demeure, pratiqué. Qu’à cela ne tienne, le quatuor « envoie l’ boulard » comme il se doit, servi par un son au top, et fait passer sans soucis ses textes -trop- décalés dans un tourbillon d’énergie presque « Wampasienne ». Ca joue fort et bien, rock avec quelques détours reggae (Nino l’âne est ainsi honoré et l’assistance y prend largement part; cher binôme et « proprio » de cet animal, il ne manquait à vrai dire que toi…) et une vigueur d’obédience punk qui génèrent un concert marquant, plus significatif que celui vécu fin août lors du Chahut Vert.
Pas mal, avant ces Flying Strings au rock rugueux, révélés lors du dernier Murmure du Son dont ils assurèrent un « off » retentissant, comme le fut ce concert à Saint André, percutant et sans concessions. Le riff pleut, le rythme est souvent appuyé, le propos mordant et bien entendu, le recours à l’Anglais dans le chant accroît le coté délibérément frontal du registre, émaillé cependant de touches acoustiques parfaitement fondues dans un rock fougueux et ne manquant pas de style. Ici, on ne reprend pas, on compose et bien, en mode 70’s aussi bien qu’actuelle. On pense autant à Led Zep’ qu’à Creedence ou Wovenhand (de belles envolées mystiques sont à noter) et on ne peut rester sans réaction devant ce déluge, maîtrisé, décibelique. Ceci dans un endroit de plus en plus attirant, et avant un pot final en présence de tous qui clôturera joliment une soirée à rééditer, dans l’attente entre autres du festival Winter Groove qui se tiendra dans la ville début 2015…
Photos William Dumont.