Nos « monstres » dub hybride ont pour vertu de se renouveler sans y perdre de leur identité; Zenzile l’a parfaitement fait avec le brillant Berlin, EZ3kiel s’y atèle non moins estimablement avec Lux, dixième album en plus de vingt ans.
Riche, nourri aux diverses sources habituelles du groupe et ainsi, à l’arrivée, inclassable, l’objet oscille entre dub bien sûr, climats post-rock, ambient ou electro, plantant son étendard avec, d’emblée, un Born in Valhalla céleste, fin aussi, du plus bel effet et ce, sur une durée étendue. On y retrouve ces sons cosmiques, ce côté massif aussi, lancinant, qui fait la force du groupe. Lequel a dans la foulée la bonne idée de convier Pierre Mottron au chant sur Anonymous, qui ne le restera pas longtemps, entre dub et trip-hop abouti. Fort d’ambiances…fortes, Lux balade émotionnellement l’auditeur, dans le velouté de caractère (Zero gravity) comme sur ses longueurs lestes et subtiles à la fois, qui remplissent l’espace (Dead in Valhalla). Sauvage mais dompté, il virevolte sur Lux, le titre éponyme, s’y fait mordant et réalise l’amalgame ajusté des tendances visitées.
Ce dernier à peine ingurgité, Eclipse bénéficie du chant de Laetitia Sheriff, à la fois ombrageux et caressant, greffé à une instrumentation retenue, haut perchée, racée. On se dit alors que le seul « défaut » du disque tiendrait dans ces interventions vocales clairsemées, marquant pourtant une réelle évolution, appréciable, dans le registre du groupe. Mais L’oeil du cyclône crédite à son tour les travaux d’EZ3kiel, tout en douceur hypnotique pour le coup et on rangera ce recours au chant dans les atouts, quand bien même on l’espérerait plus fréquent. Fred Norguet et Peter Deimel étant aux manettes, le son est bien évidemment au sommet. Never over offre une atmosphère posée, sobre, un tantinet trop même mais en toute fin de parcours, Stereochrome réinjecte un dub reptilien, posé -c’est là, aussi, l’un des bémols qu’on pourrait apposer à l’ensemble-, plus rythmé toutefois sur la fin du morceau. En conclusion, donc, à un Lux…lumineux, porteur aussi de ses quelques zones d’ombre et, au delà de ça, de climats « maison » hautement prenants.