Avec un tel nom, on pourrait s’attendre à un groupe cold-wave français mais Musée Mécanique, de Portland, fait dans la folk ici inspirée par les voyages et l’abandon, le désir et l’impatience.
Le procédé, pour ce second album après Hold this ghost, lui réussit et malgré une trame folk récurrente, on ne s’ennuie pas sur From shores of sleep, bardé de mélodies soignées et animé, en certains endroits, par des percussions (The man who sleeps ou l’introductif O, Astoria!). La voix de Robert Schumann fait merveille, l’ornement est beau et sans « surpoids », dommage toutefois que le côté endiablé du groupe ne s’exprime que par intermittences…
On s’éprend tout de même de ces cheminements doux-amers (The open sea), d’arrangements finauds et rarement barbants, d’une certaine intensité même dans leur douceur (A wish we spoke). On pense aux Tindersticks pour cette justesse dans l’instrumentation, cette distinction dans les climats (Castle walls). Bien nommé, From shores of sleep nous tire parfois d’une torpeur qu’il aura lui-même engendrée (The worlds of silence), monte en puissance sans cependant réellement imploser et régale de ses parures ajustées. Cast in the brine, en fin de parcours, alterne rythme marqué et envolées vocales, puis The shaker’s cask conclut, un peu trop posément (on pressent le groupe capable du meilleur dans l’emportement) mais néanmoins dans l’élégance, une jolie collection de titres chatoyants, auxquels ne manque sur ce « surplus de tourment », dans le son, qui rendrait l’ensemble indispensable.