Si les lives sont un peu plus épars, désormais, à la Lune des Pirates, ils ne perdent ni en intérêt ni en intensité, loin s’en faut et une fois encore, l’affiche proposée valait le détour puisqu’en ce vendredi se succédaient le boogie-twist « haute classe » de Swinging Dice, isariens maintenant confirmés, et la révélation Gaspard Royant, basé lui aussi sur un registre à l’ancienne qui réjouira fortement son monde.
Le quatuor beauvaisien allait ainsi assurer une superbe ouverture, en swinguant comme il se doit selon un répertoire feutré ou endiablé, exécuté avec dextérité et dans un ensemble parfait. Un large parterre de fans présents dans la « Lune » plébiscitant, dans le même mouvement qu’un public au sein duquel beaucoup firent là une jolie découverte, les musiciens emmenés par Pierre Matifat (voix/piano). Chez le Dé qui Swingue, l’inspiration est de mise, chacun joue sa part en servant le collectif et il faut bien le dire, l’assistance danse très vite sans relâche, en duo souvent, solo parfois, tant il émane de ladite prestation un éclat d’antan, et un allant doublé d’un brio musical, décisifs. Superbe leçon de rock d’époque, donc, assénée par quatre mecs pour lesquels une première partie conséquente ne serait nullement usurpée eu égard au niveau atteint. Le tout bien équilibré entre standards reliftés et compos issues du groupe lui-même, plus qu’à son aise sur les planches.
Cette première tranche de bonheur à peine digérée, c’est à nouveau une série bluffante de morceaux rock crooner, cinglants ou plus finauds, qu’envoie Gaspard Royant, communicatif, visiblement heureux d’être là. Son groupe, cohérent, jouant en s’éclatant et à l’unisson une palanquée de titres aussi brefs que marquants. Aucun, à vrai dire, ne méritant la critique, entre Back to where we aim et Monkeytown en passant par Marty Mc Fly ou All the cool in you is me, pour faire court et n’en citer que quelques-uns. Il y a chez ce garçon du Elvis, le final avec un intense et mordant Christmas is back in town en témoignera, doo-wop et rock’n’roll garage 60’s se tirent la bourre et même les essais les plus « sirupeux » (This year belongs to you) passent l’épreuve haut la main. On pense à Redding et Orbison, aussi, mais c’est Royant qu’on entend.La flamboyance de The woods en remet une couche niveau charme et impact musicaux, All is truth groove avec classe et j’en passe…
En outre, il y au service du bonhomme un « band » racé et acéré, dont un guitariste killer et un claviériste expressif aux « rasades » bienfaisantes que soutient une rythmique elle aussi au sommet. Le leader finira perché d’ailleurs au sommet des gradins de la Lune, le rugueux aura côtoyé le feutré sans aucun dommage, 50’s et 60’s se seront rappelés au bon souvenir d’une foule qui sans les avoir forcément vécus se les sera pris ce soir en pleine face avec délice. Le tout dans cette modernité teintée d’un passéisme d’un apport certain et parfaitement assumé, pour une soirée à nouveau mémorable.
Photos William Dumont