Quatrième album pour le quintet italien Movie Star Junkies, vu il y a quelques temps à l’Ouvre-Boite de Beauvais, auteur d’une pop/blues-punk personnelle et accompli, inspiré ici dans l’écriture par les précurseurs du roman noir américain Jim Thompson, auquel une chanson de l’opus est dédiée, ou encore Dashiell Hammet.
Les morceaux, possédés, peuvent se faire chatoyants, mélodieux (Rising, superbe essai quasi-pop) et l’amorce rend un idée assez fidèle de l’esprit du groupe, aussi rageur que distingué, semblable en cela à Nick Cave (A promise, qui sera tenue, en ouverture). Enfiévré, le registre allie en effet blues sombre et rock de caractère, voix encanaillée (Three time lost) et impulse un groove obscur, zébré de guitares rageuses et par un orgue aux interventions judicieuses. Les essais saccadés dénombrés sur Evil moods (Please come home, nouvelle réussite racée/remontée) donnent à celui-ci une belle envergure, Stefano Isaia et consorts asseyant définitivement, par ce bais, un univers qui n’est du qu’à leurs aptitudes.
Plus loin, Thompson trouve avec « sa » chanson un bel hommage, noir bien sur et traversé par des cuivres qui rappellent Thee Hypnotics, c’est dire la valeur du rendu. On en est alors à la moitié de l’ouvrage, qui avec Lap full of hate insuffle à nouveau des élément bluesy passés au filtre d’une instrumentation stylée et vivace, rude aussi. Movie Star Junkies a l’art d’allier panache et déviance, pose parfois le jeu sans y perdre en attraction (In the evening sun). On les imagine, sur les planches, intenses et habités et All sorts of misery rend bien cette posture à égale distance du beau et du plus tourmenté. On monte ensuite d’un cran dans la cadence sur l’entêtant Red harvest, avec ses choeurs déjantés et sa prestance dans l’ornement. Le tour est joué, l’affaire pliée et Move like two ghosts conclura avec une élégance blues-rock griffue une série de dix plages inattaquables et, par là-même, un Evil moods au titre juste et au contenu de belle facture.