Terminé à l’heure actuelle, le festival I’m from Rennes, dont c’était cette année la troisième édition, met bien entendu en avant la scène de cette ville dont « sortirent » en leur temps Sloy et Dominic Sonic et dont le chef de file a pour nom Bikini Machine. On a connu pire -on connait de toute façon le vivier de groupes et le caractère délibérément rock de la ville- et la compil’ dudit festival donne un bel aperçu de son étendue, avec pour ouvrir, en toute logique, le rétro et twistant Stop all jerk des « Bikini« . On fait une découverte à chaque titre ou presque et jusqu’au Let’s turn shit into gold de The Deeline, punky et urgent, les cinq premieres plages présentent des formations sans failles. Madcaps et son registre légèrement à l’ancienne aux mélodies soignés lais fougueuses, Superets et sa pop française 80’s puis Betty the nun et son post-punk stylé faisant honneur à l’événement, auquel tous les groupes audibles ici prennent part.
Sur vingt combos, il y a évidemment de tout et Combomatix évoque la folie des Cramps avec son Door love avant que le psychédélisme/shoegaze finaud et alerte de Cavale, avec son titre Shirt, ne se distingue avec ses inflexions à la Ride dans le chant. Retour ensuite à une trame garage avec Kaviar special, auteur d’un Poison cake trépidant orné par des grattes surf, puis on visite des terres cold envoûtantes en compagnie de Marble Arch sur son Antiscript à la fois doucereux et ombrageux. La première partie des vingt morceaux proposés offrant la pop façon Cocteau Twins de Groupe Obscur qui signe lui L’oiseau de feu.
L’écoute ne relève aucun faux-pas, les désormais incontournables Mein Sohn William nous régalent ensuite de leur folk/lo-fi délicieuse et bricolée (Follow your lead) et Fago Sepia de sa…folk toutefois ici un peu inaboutie (19). on connait cependant les qualités des locaux et dans leur pas résonne joliment le subtil et posé Day for night de GRANphantom, qui marque donc un temps plus modéré dans la compil’, révélatrice. Piranha et leur Sea son oscillant ensuite entre tempo vif et breaks climatiques avec brio, tandis que Cardinale livre lui une electro aussi spatiale que nerveuse.
La diversité est de mise, le foisonnement rennais bien représenté et sur ce second volet moins mordant mais aussi accompli, Les Gordon joue un Marathon man pop-folk de toute beauté que relaie le hip-hop cuivré d’Artisanal, sauvé de ses penchants conventionnels (dans le texte et le genre) par ses effluves jazzy.
A la fin du voyage en contrées bretonnes, Lord Paramour invite l’auditeur à un trip world/arabisant racé et dépaysant (Agamikal), qui plus est cadencé, à la manière d’Orange Blossom qui réside d’ailleurs, lui, à Nantes donc pas si loin. Wonderboy et son rock noisy doté de touches electro bien placées (Howlin’), et en toute fin Casta et son spoken-word sobre (Espoir mélancolique) mettant le dernier coup de pinceau à un tableau complet, quelques temps après ce I’m from Rennes précieux et avant les non-moins incontournables Transmusicales de cette même ville, en décembre prochain.