Dans la foulée d’un Bruits de Lune entre blues et expérimentation, la veille, la Lune des Pirates renouait ce mercredi avec un carcan pop non exclusif, entre mélodies et chemins de traverse bien plus soniques, avec Natas Loves You, parisiens issus au départ du Luxembourg, et les toulousains de Kid Wise pour ouvrir la marche. Celle-ci, notons-le, étant gratuite pour les possesseurs de la carte Lune.
Kid Wise allait mettre en avant un répertoire évoquant par instants les excellents Deus, régalant le public d’une pluie de débauches sonores orchestrées entre autres par le violon de Clément Libes. A la fois soigné, soyeux, et d’un impact certain, valorisé par des chants allant de pair, son carnet de scène tient la route et ne fait pas dans le conventionnel. Des encarts mélodieux à souhait, chatoyants, confrontés à ces élans belliqueux, et une belle sensibilité pop faisant de leur ouverture un set prenant, nouvelle belle surprise concoctée par la « Lune » et ses nouveaux adeptes. Funeral, le morceau de bravoure du groupe, ou encore le vivace Hope et ses sons ingénieux, ou le doucereux mais soutenu et brumeux Kid, contribuant à honorer le sextet actuellement en tournée dans l’hexagone. Avec par instants la sensation, agréable bien entendu, d’entendre nos « chouchous » de Sarah W_Papsun, ce qui bien entendu ajoute à la portée du moment.
Le temps d’un changement de plateau rapide, le quintet Natas Loves You prend le relais avec sa pop mutante et éclectique, un brin plus « linéaire », si on peut dire, ou plus déliée, que chez Kid Wise. Le tout avec un sens de l’essai, de l’ouverture, bien en place, et selon des cadences soutenues qui font mouche (Horizons), ou plus hachées. Les mélopées du groupe, de choix, avec par moment une touche presque french-touch à la Air voire Phoenix pour le côté délibérément sucré, combinées à des colorations musicales diverses et des embardées synthétiques (Scarlett Brown) de qualité, parfaisant l’événement en cours. Aucun morceau ne dénote, l’ensemble est pertinent sans jamais sonner trop « normal », empreint de la vigueur nécessaire à crédibiliser le gig qui sera d’ailleurs acclamé par la foule Lunaire.
Dotée de groupes estimables, inventifs et sans frime préjudiciable, la salle du quai Bélu continue à oeuvrer à la découverte, au partage et la paire à l’affiche ce jour aura permis, en même temps que le retour d’un climat frisquet, la découverte et le plaisir d’un canevas libre et inventif, convaincant tant dans ses plages subtiles que dans ses excès savamment préparés. Suivant un cheminement parfois post-punk et percutant chez Kid Wise, et de façon globalement plus aérienne, et tout aussi accomplie, pour Natas Loves You.
Photos William Dumont.